Fin 2018, un groupe intitulé « d’ici et d’ailleurs » a été créé à Montpellier. Il réunit des militants de France et d’Afrique et des alliés. Aujourd’hui, le groupe soutient la demande de titres de séjour de trois d’entre eux menacés d’expulsion. Fondatrice de ce groupe et alliée d’ATD Quart Monde, Marie-Françoise Combaz explique ses objectifs.
C’est à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre 2018, que l’idée de créer un groupe “d’ici et d’ailleurs” a germé. L’année précédente, ATD Quart Monde avait lancé au niveau national la Dynamique “Population d’ici, populations d’ailleurs : un combat commun pour la dignité”. Alliée du Mouvement depuis plus de 20 ans, Marie-Françoise Combaz décide alors de faire vivre cette Dynamique sur le terrain.
“À Montpellier, nous avons toute une histoire avec une population venue d’ailleurs. Mais je me rendais compte que les groupes qui allaient, par exemple, faire des Bibliothèques de rue avec ces personnes venues d’Europe de l’Est ou d’Afrique n’arrivaient pas toujours à bien se comprendre avec ceux qui cheminaient avec des personnes nées en France. Pourtant, il n’y a pas à faire de distinction entre les personnes pauvres d’ici et les personnes pauvres d’ailleurs quand on parle de droits fondamentaux”, explique-t-elle. Et si les demandeurs d’asile “rencontrent des difficultés particulières sur le plan administratif, n’ont pas les mêmes papiers et la même histoire, il s’agit tout de même d’un combat commun pour le droit fondamental de vivre dignement”, ajoute-t-elle.
Une expérience de vie différente
Le groupe est alors créé avec des militants Quart Monde, des demandeurs d’asile et quelques alliés. “C’est un groupe de militants d’ici et d’ailleurs, qu’ils soient français, guinéen, congolais…”, souligne Marie-Françoise Combaz. Les membres se retrouvent pour discuter ensemble, participent aux Universités populaires Quart Monde… “Il y a eu beaucoup de soutien moral. Nous avons créé un site internet d’informations avec des conseils pour les personnes vivant à la rue à Montpellier. Français ou étrangers, tout ont beaucoup apporté. Ils partageaient les solutions avec les demandeurs d’asile arrivés récemment, s’apportaient mutuellement de l’aide pour les démarches...”
Tous retrouvent dans ce groupe “une ouverture”. “C’est un rapprochement humain, sans barrière, entre gens d’ici et gens d’ailleurs. Cela facilite les échanges, le dialogue et apporte un soutien à chacun”, explique ainsi Guy. Lucette participe, car elle est “choquée par la difficulté pour obtenir le statut dont les demandeurs d’asile ont grand besoin pour être en France, alors qu’ils ne peuvent vivre dans leur pays”. “Le groupe m’a apporté beaucoup de choses. Avant, j’avais du mal à m’exprimer, cela m’a permis de parler avec des gens, d’avoir une ouverture à d’autres idées. On sent l’égalité dans le groupe, qui se bat pour les gens, pour améliorer la vie de chacun, pour trouver des solutions”, précise Oumar.
Militants Quart Monde français et étrangers préparent les Universités populaires Quart Monde séparément pour permettre à chacun de s’exprimer. “Il y a une expérience de vie tellement différente. Certaines personnes sont aujourd’hui en situation de grande précarité, mais ce n’était pas forcément le cas avant dans leur pays. Ils ont parfois dû quitter un emploi stable pour fuir leur pays dans lequel ils s’étaient souvent engagés pour défendre des droits”, explique Marie-Françoise Combaz.
Mobilisation pour trois membres
Les membres du groupe réfléchissent également ensemble à “la manière dont fonctionne la solidarité en France et dans d’autres pays” et participent à des moments conviviaux. Trois d’entre eux se rendent à la rencontre nationale des jeunes organisée par ATD Quart Monde en Bourgogne, au cours de l’été 2019.
Depuis quelques mois, le groupe se mobilise pour soutenir ces trois membres, Oumar, Abdoulaye et Parfait dans leur demande de titre de séjour, alors qu’ils ont été déboutés du droit d’asile. Une pétition a été lancée et un rendez-vous avec le préfet de l’Hérault est prévu le 25 mars. Au-delà de ce soutien particulier, l’objectif est “de faire combat commun contre l’exclusion de manière constructive pour tous”, rappelle Marie-Françoise Combaz.
Photo : Des membres du groupe “d’ici et d’ailleurs” de Montpellier. © Marie-Françoise Combaz