Une quarantaine de membres de neuf Universités populaires Quart Monde se sont réunis du 11 au 13 septembre à Pierrelaye, dans le Val-d’Oise, pour mettre en commun leurs réflexions sur la manière dont ils ont vécu le confinement. Objectif : mettre des mots sur ce qu’il a eu d’insupportable, d’injuste, d’humiliant, mais aussi de positif et de nouveau, pour en tirer des enseignements.
Face aux papiers vert, blanc et rose posés devant elle, Sylvie hésite. L’idée de créer des espaces dans les quartiers pour apprendre à utiliser Internet, avec des médiateurs, lui paraît bonne. Mais elle estime que cela a déjà été mis en place dans quelques villes et qu’il faut creuser davantage la proposition. Elle brandit donc un papier blanc. Dans la salle, certains tendent un papier vert pour montrer leur accord, car ils pensent que cette préconisation “peut faire avancer des choses pour les plus pauvres”. D’autres sont plus sceptiques et lèvent un “carton rose“.
Pendant plus de trois heures, les propositions travaillées en groupe depuis un jour et demi et présentées à tous sont ainsi décortiquées et évaluées. L’objectif est d’avoir, au final, une dizaine de préconisations “pour lesquelles on a des arguments et qui, si elles sont mises en œuvre, pourront vraiment changer la vie des personnes les plus exclues”, rappelle Florence Bernard, membre de l’équipe du réseau des Universités populaires Quart Monde.
Ce séminaire est “l’aboutissement d’un long travail mené depuis le mois de mai par les membres de neuf Universités populaires Quart Monde, dans toute la France. Au moment où la réflexion sur ‘le monde d’après’ donne trop souvent la parole à des ‘experts’, ils apportent des propositions très concrètes tirées de leur expérience du confinement”, souligne Pierre Saglio, également membre de l’équipe.
Une base de travail solide
Tous se sont ainsi interrogés sur “les difficultés qui ont parfois été accentuées par le confinement et sur les enseignements à en tirer pour l’avenir”, explique Florence Bernard. Les Universités populaires Quart Monde ont envoyé la synthèse de leurs travaux et cinq sujets ont émergé. Ils ont été retravaillés pendant ce week-end à Pierrelaye par petits groupes de quatre à six militants Quart Monde, avec deux animateurs : “les relations entre les membres de la famille”, “la créativité”, “le tout-numérique”, “être acteurs et reconnus comme tels”, “se recentrer sur l’essentiel de la vie”.
La question de l’école, essentielle pour un grand nombre de militants Quart Monde, a été traitée à la fois dans le groupe sur la famille et dans celui sur le numérique. “Les participants ont pointé les problèmes et les droits bafoués pendant le confinement, mais aussi les aspects positifs, le fait, pour certains, d’avoir été davantage en lien avec leur famille, d’avoir pris le temps de créer”, explique Didier Goubert, co-animateur de l’Université populaire Quart Monde Île-de-France. Leurs préconisations s’adressent aux responsables politiques, à tous les citoyens, mais aussi au Mouvement.
Toutes les propositions n’ont pas fait l’unanimité, certaines seront retravaillées dans les prochains mois ou ne seront pas reprises pour l’instant par la Délégation nationale d’ATD Quart Monde. Mais il s’agit d’une base de travail solide pour que les injustices subies pendant le confinement et au-delà s’arrêtent et que les moments positifs vécus au cours de cette période se poursuivent et se développent.
Lire les propositions issues de ce séminaire.
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de novembre 2020.