Linda, Marie, Jérôme et Sylvain, volontaires permanents d’ATD Quart Monde à la maison de vacances familiales de La Bise, ont rencontré, du 31 mars au 2 avril, les équipes du département Écologie et grande pauvreté d’ATD Quart Monde Céline V., Céline C., Jean-Christophe et Bruno R. ainsi que Bruno M., volontaire permanent à Pipriac, pour réfléchir ensemble à la dimension écologique des actions du mouvement ATD Quart Monde et au projet écologique à développer à La Bise.
Le mouvement ATD Quart Monde a compris très tôt l’importance d’une écologie qui ne laisse personne de côté et qui s’appuie sur l’expérience et la connaissance des personnes en situation de pauvreté. Il rappelle l’importance de penser ensemble une société écologique et solidaire. Le mouvement développe des actions écologiques avec les plus pauvres, comme celle autour de jardins partagés à Nogent-Le-Rotrou, Dijon, Mulhouse ou Noisy-le-Grand. Le département écologie et grande pauvreté s’appuie sur différentes expertises. Il a mis en place un Laboratoire d’idées avec des personnes qui vivent ou ont vécu la grande pauvreté, il anime un réseau Wresinski pour construire des liens avec des partenaires extérieurs et participe aux marches climat.
La rencontre a commencé par des chantiers, une manière pour se connaître et participer à l’entretien du lieu.
Réfléchir ensemble pour des projets écologiques de proximité
Ce fut deux journées de travail et de rencontres intensives. Des amis de La Bise se sont joints aux réflexions. Ont été partagées des expériences sur les différentes actions du mouvement ATD Quart Monde autour de l’écologie, sur l’action de présence menée par Bruno et Élodie, autour de l’accueil et l’implication de tous dans la vie d’un jardin collectif à Pipriac, sur le projet d’expérimentation concrète “Aujourd’hui Tissons Demain (ATDemain)”, qui cherche à promouvoir des actions écologiques pensées, choisies et praticables par tous, sur les dynamiques existantes à La Bise et sur la façon de rejoindre les plus pauvres qui vivent à proximité. La Bise est d’abord un lieu d’accueil de familles en situation de pauvreté, qui peuvent passer des vacances et se ressourcer en lien avec la nature, mais c’est aussi un lieu et des personnes qui sont en lien avec de nombreux amis qui contribuent à la dynamique du lieu et à celle du territoire.
Ce sont les amis de La Bise qui ont lancé le chantier de jus de pomme, pour ne pas que les pommes se perdent dans les vergers. Ce chantier a semé des graines et permis l’émergence d’autres actions de solidarité. Un des amis de La Bise illustra cela de cette façon : « On n’a pas inventé le ramassage des pommes. On est le produit d’une histoire dans l’économie solidaire. Il y a des gens avant nous et il y en aura après nous. On participe d’un phénomène de contagion et de rayonnement. »
Le Jura est un lieu où les solidarités sont très fortes. Une des participante a fait part de l’importance de ne pas rester dans l’entre-soi : “Ce qui me porte beaucoup ce sont les vraies rencontres. Ce sont des échanges toujours enrichissants et valorisants”, et a cité l’exemple des coopératives de Comté : « Dans une fruitière à comté, c’est une école de démocratie, car les agriculteurs qui en font partie ont fait des choix différents et, pourtant, on travaille tous ensemble pour faire le meilleur produit ».
Un autre participant a fait part de sa vision de l’écologie : “L’écologie, c’est avoir une attention respectueuse de la plus petite molécule vivante au plus gros éléphant. L’être humain fait évidemment partie de cette chaîne.” La neige s’est aussi invitée à la rencontre, avec un paysage qui est passé, en quelques heures, du vert printanier au blanc immaculé.
30 personnes réunies autour du livre Reconstruire ensemble ce monde abîmé
Linda, Marie, Jérôme et Sylvain avaient également invité les amis de La Bise pour une soirée de partage autour du livre écrit par des membres du département écologie et grande pauvreté, Reconstruire ensemble ce monde abîmé. 30 personnes ont bravé les intempéries pour réfléchir autour du livre, à travers la méthode de l’arpentage, lecture collective et partagée. Par petit groupe, chacun s’est approprié un chapitre et a discuté le contenu, pour ensuite le retransmettre à l’ensemble des personnes présentes. Une très belle méthode qui fait participer tout le monde et rentrer dans les profondeurs du texte.
Cette première rencontre à La Bise était importante pour mieux se connaître et continuer un cheminement ensemble autour des questions de l’écologie et la grande pauvreté. Céline nous a rappelé que “La Bise, c’est un endroit où les plus pauvres ont toute leur place. C’est un lieu propice à faire émerger des choses”. Bruno, du département Écologie et grande pauvreté, a été impressionné par les engagements des amis de La Bise : “J’ai découvert que plusieurs amis de La Bise étaient déjà en lien avec des personnes en situation de pauvreté et aussi dans des dynamiques d’accès aux droits”.
Jean-Christophe a pointé du doigt l’importance de valoriser les engagements : « Un truc que l’on doit faire au niveau du département Écologie et grande pauvreté, c’est de donner de la visibilité à ceux qui s’engagent”. Bruno, de Pipriac, a tenu à rappeler qu’ “avoir des lieux d’accueil, c’est important. C’est important que les pratiques imaginées soient comprises, enviées et validées par les personnes en situation de pauvreté.” Il s’est réjoui du résultat de cette rencontre : “On a réussi à aborder ces questions avec beaucoup de bienveillance. On s’est écouté . On a pu se dire que l’on n’est pas d’accord. Cela fait du bien. Je reste convaincu de la richesse de la rencontre”.
Sylvain a insisté sur l’importance de réfléchir ensemble : “Cette rencontre m’inspire et cela fait du bien de sentir que l’on n’est pas tout seul à porter ces questions autour de l’écologie et la grande pauvreté”. Pour Linda, il s’agit d’une première étape : « On a pu mieux se connaître et se comprendre et avoir des nouvelles de ce qui se passe et de ce qui est en cours. C’est un premier lien qui se fait et il y en aura d’autres.”
Marie a conclu ainsi : “J’ai vraiment envie de pouvoir garder des liens et continuer à me nourrir de ces réflexions. Cela va nous permettre de commencer à voir quelles sont les pistes que l’on peut saisir à travers ces questionnements sur l’écologie.”
Photo : Rencontre du département Ecologie et grande pauvreté à La Bise, du 31 mars au 2 avril. © ATD Quart Monde