Plus d’une soixantaine d’événements ont été organisés partout en France pour la Journée mondiale du refus de la misère. Pour illustrer la thématique du pouvoir d’agir, le symbole du bateau a été choisi cette année, ce qui a inspiré de nombreux groupes locaux, qui ont hissé la voile pour dire “Cap sur la dignité et droits devant”.
“Quand nos savoirs d’expérience ne sont pas reconnus, ça nuit à notre pouvoir d’agir. […] Qu’est-ce qu’on peut faire ? On se bat, on garde la tête haute, on s’engage avec d’autres, on ne reste pas isolé, on trouve la force de partager avec d’autres ce que nous vivons”, a affirmé haut et fort Magalie, militante Quart Monde de Caen, sur le Parvis des Droits de l’Homme et des Libertés, à Paris, le 17 octobre. Avec Gwendoline et d’autres militants Quart Monde venus de Caen, Magalie a participé à la Journée mondiale du refus de la misère au Trocadéro, autour de la Dalle du refus de la misère inaugurée en 1987.
Comme des centaines de participants réunis sous un beau soleil, ils ont pu découvrir le Monopoly des inégalités, construire avec les enfants leur “ville idéale” et discuter avec les différentes associations partenaires de la journée. Les membres de l’Université populaire Quart Monde d’Île-de-France ont présenté leurs réflexions sur “le pouvoir de dire non” et ont raconté au micro des situations dans lesquelles ils ont pu dire “un non contre une situation injuste, un non qui [leur] a donné de la fierté et de la dignité”.
“Une politique globale de lutte contre la pauvreté”
Zora, militante Quart Monde de Lille a, quant à elle, témoigné de son expérience au cours de la formation OSEE (Osons les savoirs de l’expérience et de l’exclusion). “J’ai vécu dans la rue. J’ai réussi à m’en sortir. Grâce à cette formation, je souhaite aujourd’hui intervenir auprès des personnes de la rue en tant que professionnelle”. Des membres des associations Entourage et des Petits Frères des Pauvres ont également témoigné.
“Il est urgent d’élaborer une politique globale de lutte contre la pauvreté, seule à même de rendre effectifs les droits des personnes les plus pauvres. L’égal accès à l’ensemble des services publics doit être affirmé comme une priorité dans l’ensemble des champs de l’action publique. […] Nous demandons à l’État de se défaire de cette logique de simple assistance et de remettre en place les dispositifs de participation avec les personnes concernées”, a pour sa part souligné le président de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, Jean-Marie Burguburu. “N’oublions jamais que ceux qui vivent dans la misère sont des acteurs de changement, des acteurs pour la construction du monde, des acteurs trop souvent ignorés. Il est grand temps de nous unir pour faire respecter les droits de tous“, a ajouté la présidente d’ATD Quart Monde, Marie-Aleth Grard.
Ambiance festive partout en France
De nombreux militants Quart Monde ont également pris la parole partout en France. À Angers, des ateliers ont été organisés avec les enfants pour dessiner des bateaux. À Rouen, une déambulation en musique a rassemblé une centaine de personnes qui se sont rendues place de la Cathédrale pour poser une réplique de la Dalle du Trocadéro, entourée d’un cercle de silence. Ambiance festive également à Chambéry, au son des djembés et avec la lecture d’un recueil de poésies, ou encore à Villeneuve-sur-Lot, avec un stand installé sur le marché, le 16 octobre.
Dans le quartier Bacalan, à Bordeaux, les enfants ont pu s’initier au codage lors de l’atelier Super Codeur, pour sensibiliser le public à la question de l’exclusion numérique.
Le spectacle La conférence des oiseaux a enchanté le public de Laval réuni pour cette Journée mondiale du refus de la misère. Le cours Mirabeau, à Aix-en-Provence, a été très animé ce 17 octobre, avec notamment une batucada et l’appel des 14 associations partenaires invitant les passants à rejoindre le combat contre la misère.
Moins bruyante, mais tout aussi efficace, la manifestation lyonnaise a interpellé les passants grâce au chuchotin : un long tube par lequel les membres du Collectif 17 octobre chuchotaient des textes écrits lors d’un atelier organisé dans un centre d’accueil de jour, avec des personnes vivant dans la rue.
Des membres du groupes d’ATD Quart Monde de Bâle, en Suisse, ont retrouvé leurs homologues de Strasbourg en ce 17 octobre sur le parvis du Conseil de l’Europe. Un rassemblement a également été organisé à Rennes, place Hoche, pour un temps de témoignages et de musique. À Reims, l’équipe a fait appel à un dessinateur, Benoît Blary, qui a fait un reportage dessiné de cette Journée mondiale du refus de la misère. À Dole, le radeau, construit avec les habitants du quartier des Mesnils Pasteur, est arrivé à bon port.