Le collectif Alerte, dont fait partie ATD Quart Monde, a souhaité faire entendre la voix des associations et fédérations engagées dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion à l’occasion d’une conférence de presse organisée le 14 septembre. Après avoir participé au lancement du Conseil national de la refondation le 8 septembre, le collectif a regretté que la question des inégalités ne soit pas “en haut de l’agenda politique”.
“On veut remettre à l’ordre du jour du quinquennat un projet social, une vraie éradication de la pauvreté, qui avait été promise par le président de la République en 2018″, a affirmé le nouveau président du collectif Alerte, Noam Leandri, lors de la conférence de presse organisée en ligne le 14 septembre. “Nous sommes très inquiets pour la lutte contre la grande pauvreté dans notre pays”, a ajouté la présidente d’ATD Quart Monde, Marie-Aleth Grard. “Dans tous les chantiers qui s’ouvrent, on n’entend pas parler d’inégalités et de pauvreté”, a souligné pour sa part Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.
Évoquant le projet du gouvernement de conditionner le versement du RSA à 15 à 20 heures d’activité par semaine, Marie-Aleth Grard a ainsi rappelé “qu’on ne vit pas avec le RSA, on survit”. Cette obligation d’activité correspond selon elle “à un taux horaire à moins de 7,50 euros : 15 à 20 heures d’activité par semaine pour 497 euros, une fois le forfait logement déduit du RSA”. “Pourtant, il me semble que nul ne peut être payé moins que le Smic dans notre pays. Mais quelle aubaine pour les entreprises, et ceci sans charge sociale, sans cotisation retraite”, s’est-elle exclamée.
Un manque d’accompagnement
Pour la présidente d’ATD Quart Monde, “plutôt que d’empêcher les personnes de chercher du travail avec cette activité obligatoire, cherchons les moyens permettant aux personnes les plus fragiles de retrouver un emploi décent et digne, par exemple comme le propose l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue duréé”, a-t-elle ajouté.
“Il y a une idéologie et un dogmatisme derrière cela. Dire que l’on va mettre des contreparties à l’octroi du RSA, c’est laisser entendre que les allocataires seraient des profiteurs. C’est complètement faux. Ce qui manque et ce qui a considérablement diminué depuis la création du RMI, c’est l’accompagnement”, a précisé Christophe Robert. Jean-François Maruszyczak, directeur général d’Emmaüs France, s’est quant à lui interrogé sur les moyens accordés aux dispositifs d’accompagnement déjà existants : “à ce jour, nous n’avons aucun engagement du gouvernement pour que ces programmes puissent perdurer”.
Les membres du collectif Alerte ont par ailleurs pointé leurs inquiétudes concernant la réforme de l’assurance chômage et la diminution des places d’hébergement prévues par le gouvernement. Ils attendent désormais une rencontre avec le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, le 19 septembre. L’objectif sera notamment, selon le président du collectif Noam Leandri, de rappeler au gouvernement la nécessité d’instaurer “un bouclier social pour protéger les plus vulnérables, qui sont aujourd’hui invisibilisés dans les politiques publiques”. JCR
Photo : Conférence de presse en visioconférence des membres du collectif Alerte le 14 septembre 2022. © Collectif Alerte