Volontaire depuis 1985, Jean Venard est actuellement à Caen après avoir été notamment délégué régional du Mouvement pour l’Afrique et dans « l’équipe chantier », pour assurer la maintenance du Centre international d’ATD Quart Monde.
Lorsqu’il fait le bilan de ses 39 années de volontariat, Jean Venard n’en revient pas. “C’est incroyable tout ce que j’ai fait. J’ai vraiment eu de la chance dans ma vie.” Il a ainsi vécu dans de nombreux pays, de l’Espagne au Burkina Faso, en passant par la Centrafrique et la France. Il a “parfois porté des cravates” pour rencontrer des ministres, s’est assis par terre sous la pluie pour lire avec des enfants, a “bataillé avec des tableaux de comptabilité”, a mené des combats qui ont fonctionné, a vu la misère « reprendre le dessus parfois”… Une diversité de missions “épanouissante qui donne beaucoup de liberté, même si cela provoque aussi des arrachements et des craintes de repartir à zéro”, estime-t-il.
Planter sa rébellion au cœur de la misère
Pour lui, être volontaire, c’est avant tout de “faire l’effort constant de regarder nos pensées, nos actions, nos décisions du point de vue des plus pauvres que l’on connaît, de ce que cela représente pour eux. Cela n’empêche pas d’avoir des convictions, mais c’est important de les questionner sans cesse”. Le volontariat est une “provocation à l’action : je choisis de planter ma rébellion au cœur de la misère et c’est le refus de cette misère qui est mon repère”, souligne-t-il.
Être volontaire implique aussi de consigner par écrit la réalité de vie, les combats et les victoires des personnes les plus pauvres. Même s’il avoue être “assez indiscipliné” en la matière, il estime que cet engagement contribue ainsi à “construire l’histoire de toute une partie de l’humanité qui, sinon, passe à la trappe”.
La fréquentation, au quotidien, de “personnes très différentes, que ce soit les gens très pauvres, mais aussi les alliés et les volontaires” a toujours été pour Jean Venard “une école qui apprend à être dans une relation juste, saine et respectueuse”. Cet apprentissage peut ensuite s’appliquer partout, car “le volontariat n’est pas une fonction, c’est une identité”, conclut-il.
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de février 2024.
Photo : Jean Venard (à droite) a travaillé pendant quelques années dans l’équipe chantier du Centre international d’ATD Quart Monde, à Méry-sur-Oise. © ATD Quart Monde