ATD Quart Monde accompagne une trentaine de familles au sein d’un « centre d’hébergement d’un style particulier », à Noisy-le-Grand. Le 13 mars, dans le cadre du renouvellement de sa convention avec ses partenaires, Habitat et Humanisme et Emmaüs Habitat, certains locataires ont rencontré le ministre de la Ville et du Logement, Olivier Klein.
“Quand je suis arrivée ici, j’étais contente parce qu’il y avait une cuisine. Avec mes enfants, nous n’avions jamais eu de cuisine, c’était un soulagement“, se souvient Irina Lopes, habitante de la résidence Geneviève Anthonioz de Gaulle, à Noisy-le-Grand. Face au ministre, Olivier Klein, elle raconte ses années “de galère” : 13 ans d ans des hébergements d’urgence, des centres maternels, 13 ans d’errance. Depuis sept ans, elle vit dans ce CHRS expérimental (Centre d’hébergement et de réinsertion sociale), géré par ATD Quart Monde, Habitat et Humanisme Ile-de-France et Emmaüs Habitat. Elle rêve de s’installer enfin dans un logement définitif. “Nous voulons être libres. Nous cherchons notre appartement pour commencer notre vie”, explique-t-elle.
“Pas de travail, pas de logement”
À côté d’elle, Aïssa avoue que “ça [la] brûle de devoir raconter sa vie devant tout le monde”, mais qu’elle en a marre et aimerait “simplement le logement pour tous”. La jeune femme de 24 ans vit dans la résidence depuis sept mois, avec ses deux enfants. Elle raconte avec colère ses difficultés pour faire garder ses enfants afin d’aller chercher du travail. “Pas de travail, pas de fiche de paie, pas de logement, c’est ce que nous dit la société. Mais moi je vais chercher du travail et on ne me regarde même pas. On n’en veut pas du RSA, on veut juste avoir accès à l’emploi et à un toit”, affirme-t-elle.
Comme les autres familles accompagnées par ATD Quart Monde, elle aimerait que son passage dans ce CHRS soit “un nouveau départ vers un lieu sain où il y a de la sécurité pour nos enfants”.
Rebâtir des liens
La résidence Geneviève Anthonioz de Gaulle est en effet un “centre d’hébergement d’un style particulier, qui s’attache à la promotion familiale, sociale et culturelle de familles”, rappelle la présidente d’ATD Quart Monde, Marie-Aleth Grard. Un logement leur est proposé, mais aussi un accompagnement global pour permettre à chacune de trouver un logement pérenne et d’accéder à l’ensemble de leurs droits. “Ce qui nous unit, c’est la conviction que le logement est le socle sans lequel personne ne peut trouver sa place dans la société. Notre objectif n’est pas simplement de trouver un toit pour les personnes précaires et mal-logées mais de rebâtir des liens”, ajoute la présidente d’Habitat et Humanisme Ile-de-France, Isabelle de Beauvoir.
Cette visite du ministre du Logement au Centre de promotion familiale est également l’occasion pour la présidente d’ATD Quart Monde de souligner la nécessité de “repenser les processus d’attribution”. “Sans l’appui et le soutien de plusieurs bailleurs engagés à nos côtés, nous ne pourrions reloger de façon satisfaisante les familles accueillies ici. Les attributions de logements sociaux fonctionnent à l’envers, il faut les remettre à l’endroit”, précise-t-elle.
Après près d’une heure d’échanges, le ministre de la Ville et du Logement admet à plusieurs reprises que “la situation du logement est catastrophique”. Il pointe la nécessité de “construire plus de logements sociaux, partout et pour toutes les populations”. Un constat largement partagé par les habitants de la résidence, qui aimeraient que le caractère urgent de leur demande ait été entendu.
Photo : Visite d’Olivier Klein au Centre de promotion familiale, à Noisy-le-Grand le 13 mars 2023. © Damien Valente/Terra – Carmen Martos, ATD Quart Monde