Face au dérèglement climatique et à l’accroissement des inégalités, ATD Quart Monde expérimente, avec les personnes en situation de pauvreté des projets pour démontrer qu’un autre modèle de société est possible.
Inondations, incendies, sécheresses, glissements de terrain… Alors que six Français sur dix sont concernés par ces menaces climatiques, selon le ministère de la Transition écologique, ATD Quart Monde a décidé d’approfondir sa réflexion sur l’impact des changements environnementaux et climatiques sur les personnes en situation de grande pauvreté et sur la manière de penser ensemble une transformation de la société plus respectueuse de la nature.
« Il est nécessaire de se tourner vers les personnes qui vivent une sobriété imposée. Elles ont beaucoup à nous apprendre sur la précarité énergétique, sur la consommation, la récupération, l’entraide, mais aussi sur la manière dont elles subissent des mesures censées être bonnes pour l’environnement. Elles peuvent être une source de propositions pour faire de ces évolutions une opportunité d’améliorer les conditions d’existence de toutes et tous”, explique Guillaume Amorotti, membre de la délégation nationale d’ATD Quart Monde.
Créer des passerelles
Un réseau Wresinski Écologie et Grande pauvreté a ainsi été créé en septembre 2018, de nombreuses Universités populaires Quart Monde ont eu pour thème l’écologie et des projets sont lancés ou approfondis partout en France, comme par exemple dans la maison de vacances familiales de La Bise, dans le Jura, ou au Centre de promotion familiale à Noisy-le-Grand.
« Nous voulons casser la stigmatisation des plus pauvres sur cette question, les déculpabiliser aussi en affirmant qu’ils sont les moins pollueurs. Nous voulons créer des passerelles entre sobriété choisie et sobriété imposée par la vie et faire en sorte que chacun trouve une place dans la réflexion et la création de projets”, poursuit Guillaume Amorotti.
Avec le réseau Wresinski Écologie et Grande pauvreté, ATD Quart Monde fait ainsi le choix de rejoindre le combat d’autres associations mobilisées pour préserver la planète, afin que la voix des personnes les plus précaires soient entendues aussi dans ces instances. « Nous devons faire en sorte que les luttes ne soient pas sectorisées, les uns pour l’écologie, les autres pour le logement, pour les droits de l’enfant… Nous souhaitons tous un changement de société, mais nous n’avons pas tous le même angle d’approche. Nous sentons que nous sommes attendus par d’autres associations ou mouvements, qui ne sont pas en lien avec les personnes en situation de grande pauvreté”, explique-t-il. La prochaine Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre, aura par ailleurs pour thématique cette année “justice sociale, justice climatique”, ce qui devrait permettre de fédérer les énergies de plusieurs associations sur ce thème.
La réflexion sur ces questions ne fait que commencer et, face à l’urgence climatique, ATD Quart Monde souhaite prendre le temps de mettre en place les conditions d’une réelle participation de toutes et tous. Julie Clair-Robelet
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de mars 2020.
Photo : Découverte des vaches et de la traite mobile avec un agriculteur bio ami de la Bise © La Bise, ATD Quart Monde