Depuis 2017, la dynamique « Population d’ici, population d’ailleurs, un combat commun pour la dignité » s’engage pour renforcer les soutiens mutuels entre tous ceux qui sont dans des situations de grande précarité.
“Quand nous menons une action dans un quartier ou que nous sommes témoins d’une situation d’injustice, nous ne nous demandons pas quelle est la nationalité ou le statut de la personne qui est en face de nous, nous y allons”, affirme Geneviève De Coster, co-animatrice de la dynamique Population d’ici, population d’ailleurs, un combat commun pour la dignité. Pourquoi alors avoir choisi, en 2017, de créer cette dynamique spécifique ?
La question a fait débat à l’époque. “Certains trouvaient que le Mouvement ATD Quart Monde ne réagissait jamais sur la question des personnes exilées. D’autres, engagés auprès de populations migrantes, avaient l’impression de ne pas faire complètement partie d’ATD Quart Monde, d’avoir un cheminement en lien, mais parallèle. Ils s’interrogeaient sur leur légitimité”, se souvient Marie-Françoise Combaz, également co-animatrice de la dynamique.
L’objectif était donc de “rappeler que nous sommes tous dans un même combat pour la dignité et le respect des droits pour tous”, mais aussi “d’approfondir notre réflexion pour pouvoir répondre aux sollicitations que recevait le Mouvement sur ce thème”, développent les deux animatrices. “Quand d’autres associations nous interpellent sur l’accès des enfants roms à l’école dans des bidonvilles, nous sommes prêts à les soutenir en rappelant que la problématique est la même pour tous les enfants qui vivent dans des bidonvilles ou des habitats précaires, qu’ils soient Roms, Afghans ou Français. Cela nous a aidés à affirmer certaines positions en étant bien conformes à ce que nous sommes”, détaille Marie-Françoise Combaz.
Un défi de société
La création de cette dynamique comporte également “un enjeu d’unité”, dans le Mouvement, mais aussi, plus largement, dans la société. Face aux préjugés et au risque d’une sorte de concurrence entre les plus précaires, il semblait urgent de “chercher, au contraire, tout ce qu’on a en commun, parce que nous sommes dans une société où beaucoup veulent diviser”, explique Geneviève De Coster. Il s’agit là d’un “vrai défi de société”. “Il y a quelques années, la question de l’immigration était avant tout traitée par le ministère du Travail. Aujourd’hui, c’est le ministère de l’Intérieur qui gère cela, avec une politique sécuritaire, axée principalement sur le rejet. Nous ne devons pas nous laisser manipuler par ces politiques, qui ne correspondent pas à la façon dont nous imaginons une société juste”, ajoute-t-elle.
La dynamique est donc là pour rappeler la nécessité “d’être aux côtés de tous ceux dont les droits sont violés », sans distinction, mais aussi pour alimenter la réflexion et « faire bouger la société”. “Les oppositions viennent souvent de la peur et la peur vient du manque de connaissances, du fait que les gens ne se rencontrent pas”, constate Marie-Françoise Combaz. ATD Quart Monde souhaite donc, avec cette dynamique, “partager les expériences vécues localement et développer les rencontres avec des personnes qui ne sont pas forcément d’accord entre elles. L’objectif est d’inciter les initiatives et de le faire savoir, pour que cela marque davantage que les discours de séparation et de peur que l’on peut entendre ailleurs”.
Ce groupe permet enfin de “de ne pas céder au découragement quand nous nous sentons impuissants face à la multiplication des expulsions, par exemple ou à la banalisation de faits inhumains”, ajoute Geneviève De Coster. Pour elle, le sens de cette dynamique est “d’appeler à rester vigilant, parce que toutes les injustices vécues par les uns peuvent être vécues par d’autres et on est toujours plus fort quand on se met ensemble”. Julie Clair-Robelet
Pour contacter la dynamique : combatcommun.france@atd-quartmonde.org 06 81 06 30 24
Cet article est issu du Journal d’ATD Quart Monde de novembre 2021.
Photo : Occupation en mars 2021 place de la République, à Paris, par le collectif Réquisition, avec 300 personnes sans abri, pour demander leur hébergement immédiat, stable et décent. © Utopia 56