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Bienvenue à Calais
Description
Les raisons de la colère
« Imaginez-vous seul(e) ou avec vos enfants, votre famille, vos proches… parqués sur un immense cloaque de 17 hectares dont une partie est située en zone Seveso. Ici, nous sommes au niveau de la mer, pas de sol meuble, que du sable […] et de rares buissons. Le moindre morceau de bois mort est brûlé pour cuisiner ou se chauffer. Partout, entassées les unes à côté des autres, des petites tentes, des vieilles caravanes rafistolées avec du chatterton et dont les fenêtres sont souvent remplacées par des feuilles de carton ramolli par l’humidité. Quelques cabanes en bois aussi, montées par des bénévoles avec du matériel fourni par des associations. Et des bâches en plastique bleu, noir ou vert pour consolider, agrandir, isoler. Pour faire la cuisine : des petits réchauds à gaz dont la flamme frôle dangereusement les toits en tissu. Pour s’éclairer : des bougies. Nombreux sont les incendies et nombreux sont les brûlés. Ici, tout est soumis au vent qui déchire, arrache, accroche et éparpille sur les branches des arbres, les clôtures et la route, papiers, emballages, ordures, chaussures et vêtements. »
« L’argument récurrent qui consiste à dire qu’accueillir les migrants, ou réfugiés de guerre, dans un lieu de vie digne de ce nom entraînerait un appel d’air est irrecevable. Pourquoi ? Parce qu’ils sont là ! On peut toujours continuer à fermer un camp, le raser, en interdire l’accès, monter des murs, dresser des barrières, réquisitionner la police, la gendarmerie, l’armée, les blindés ou autres moyens d’intimidation… on ne fera que déplacer le problème. Et les fermetures successives des différents camps depuis celui de Sangatte en 2002 l’ont prouvé. Tant que des gens seront chez eux en danger de mort, ils en partiront. Et nous en ferions autant. »
Ce petit livre se termine par une suite de récits de migrants. Pour fuir la guerre, la misère ou la dictature, tous ont quitté l’Érythrée, l’Irak, le Soudan, la Syrie, l’Afghanistan, la Libye ou d’autres pays. Ce sont très souvent des femmes accompagnées de leurs enfants. Tous témoignent de l’inhumanité qu’ils ont eu à subir pendant leur exode.
Et pourtant, l’humanité existe encore en ce lieu. « Sans les bénévoles, dont beaucoup sont Calaisiens, le camp serait mortifère ».
Jean-Pierre Touchard
Actes Sud – 2016 – 56 p.
Sur le même sujet aux Éditions Quart Monde
Revue Quart Monde n° 212 : Migrations : un monde qui bouge