L’objectif de cet ouvrage, coordonné par « Développements et Humanisme », est de rendre visibles tous ceux qui sont acteurs de l’éducation dans les espaces urbains aujourd’hui. Une vingtaine de contributions sont ainsi réunies, toutes basées sur des pratiques ou des expériences dans différents territoires ou cadres éducatifs. Leurs auteurs sont très divers : professionnels de la politique de la ville, travailleurs sociaux, responsables associatifs de l’éducation, de la prévention ou de la formation, élus, professeurs, sociologues ou simplement parents.
En préface, Philippe Meirieu situe l’enjeu des questions éducatives dans les ensembles urbains et s’empare de cette question : « Où en est la réflexion sur l’éducation ? » Après une charge contre les dérives technocratiques qui ignorent quelles doivent être les finalités de l’éducation, au bénéfice des modalités de gestion des réformes, seul souci de l’administration, il plaide pour une refondation de l’éducation familiale et de ses apprentissages, pour une « insurrection face à la pensée dominante » dont la réponse aux difficultés présentes se résume à un système de « réaction par la contention ».
Les différentes contributions sont regroupées en deux parties. La première s’attache à définir les grandes tendances qui traversent l’action éducatrice, en particulier : quelle peut être une action éducatrice locale suite aux mouvements de décentralisation ? Quelles sont les répercussions des inégalités sociales sur l’éducation, sur la démocratie et sur le devenir de la société ? Quelles sont les conséquences des discriminations ethnico-sociales, en termes de surchômage ou difficultés d’accès à l’emploi au sortir de l’école ? Les questions de la famille et de la parentalité sont aussi abordées dans plusieurs articles, par exemple : « Faire appel aux parents les plus éloignés de l’école pour la réussite de tous », rédigé par un volontaire d’ATD Quart Monde, et « Éducation, soutien à la parentalité : enjeu de qualité démocratique » qui dénonce le discours récurrent sur « la démission des parents » des couches populaires, sur leurs carences…
La deuxième partie cherche à révéler toutes les modalités d’intervention et de recherche des différents acteurs de l’éducation sur les territoires urbains : « des professionnels qui s’organisent et font évoluer leurs rôles, des associations qui recomposent leurs positionnements, des jeunes qui montrent qu’ils ne sont pas de simples réceptacles » ; et aussi des expériences dans des villes ou dans des départements, l’Ain, le Rhône, l’Isère, ou encore des actions éducatives ou de prévention spécialisée dans les banlieues, jusqu’aux ateliers d’éducation populaire du groupe Pé no Chão à Récife, inspirés des apports du pédagogue Paolo Freire.
La conclusion rédigée par les directeurs de la publication nous entraîne à réfléchir à cette question : « on peut se demander si ce n’est pas autour d’une implication progressive des jeunes dans un projet de transformation de la société, de réduction des injustices imprimées dans le tissu urbain, que l’effort des acteurs éducatifs serait le plus probant ? » « S’éduquer, c’est aussi éduquer la ville, et donc la société ».
Un outil remarquable pour les éducateurs de jeunes, les professeurs, les élus et les associations par le foisonnement des idées et des expériences d’actions sur le terrain.
Jean-Pierre Touchard
Chronique sociale – Comprendre la société – 2008 – 128 p.