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- Monde rural, Afrique
Dieu n’est pas un paysan
Description
L’auteur, sénégalais, a été lui-même la cheville ouvrière de la mobilisation progressive des paysans en Afrique de l’Ouest. Abandonnant son métier d’instituteur, il est devenu paysan en 1974 au sein d’une exploitation familiale qu’il crée à Bamba Thialène (à 400 kms de Dakar).
Homme de recherche, de contact et de dialogue, il n’a cessé d’aller à la rencontre des paysans de son pays et de sa région pour les inciter à s’organiser, à se former, à se faire entendre des instances nationales et internationales. Jusqu’à fonder en 2000 le Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles d’Afrique (ROPPA).
Comme le souligne Abdou Diouf, ancien président de la république du Sénégal, dans sa préface : il s’agit là de l’émergence de nouveaux entrepreneurs paysans, artisans d’une autre économie agricole, plus globalement d’un autre modèle de société.
Pour Mamadou Cissokho, il importe que les Africains aient à cœur de s’affranchir des modèles occidentaux, de répondre à ces questions basiques : « Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Sur quelles ressources propres allons-nous bâtir notre autonomie ? ». « Si l’on veut construire un développement durable, il faut partir de ce que nous sommes, nous paysans en tant qu’êtres humains vivant dans nos terroirs, partageant des valeurs morales, religieuses, culturelles et sociales… ». Il faut « tout faire pour que les paysans soient fiers de leur mode de vie ». Et pour cela, qu’ils se concertent afin de savoir comment résoudre leurs préoccupations communes et quelles responsabilités ils doivent et peuvent mettre en œuvre.
Si l’homme reste seul face au destin, il ne peut rien. « Chaque homme doit d’abord chercher un chemin avec d’autres que lui », selon le proverbe « l’homme est le remède de l’homme ».
Or les défis à relever sont multiples.
– Restaurer l’image des ruraux, qui ont été longtemps exploités, pour des guerres et des travaux forcés, et sont encore méprisés aujourd’hui par ceux qui réussissent à l’école.
– Revaloriser l’exploitation familiale (« Qu’elle soit au cœur des politiques ! ») et la solidarité du vivre ensemble.
– « Pourvoir nos propres besoins en produits agricoles de qualité tout en étant présent avec certains de nos produits sur le marché mondial. »
– Se former car « la formation est le moteur du changement… Sans connaissances et échanges de savoirs, nous ne bâtirons rien de durable… Recevoir des aides sans avoir, au préalable, été bien formés et solidaires, ne sert à rien. »
– Avoir son mot à dire dans la détermination des politiques du développement.
Au-delà de ces considérations générales, beaucoup de pages sont consacrées à un véritable compte-rendu des démarches entreprises, des analyses de situations et des arguments mis en avant, des résolutions préconisées lors des différentes concertations avec des ONG, des responsables politiques, des institutions internationales. On mesure là le chemin parcouru en 50 ans grâce à la détermination des leaders de ce mouvement paysan, devenu partenaire du développement.
Daniel Fayard
Présence africaine – 2009 – 299 p.