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- École, États-Unis, Jeunesse
Graine de violence
Description
Certains se souviendront peut-être de ce film américain de Richard Brooks avec Glenn Ford et Sidney Poitier, sorti en 1955 et ayant connu un grand succès : « Blackboard jungle », traduit en français par « Graine de violence ». Pour la première fois sans doute la violence à l’école était alors traitée à l’écran, ce qui suscita de vives réactions au point que le film fut interdit au Festival de Venise.
Or ce scénario était une adaptation du roman d’Evan Hunter, paru l’année précédente sous le même titre, dont on nous offre aujourd’hui, quarante-six ans après, une nouvelle traduction française due à Renée Tesnière. Heureuse initiative, car Graine de violence est un roman « fort » sur un sujet toujours d’actualité. Merveilleusement écrit par Evan Hunter (de son vrai nom Salvatore Lombino et plus célèbre sous le pseudonyme de Ed. Mc Bain, mondialement connu pour ses romans policiers), il met en scène Richard Dadier (alias Salvatore Lombino ?) aux prises avec son premier poste de professeur d’anglais dans l’école des « Travaux Manuels » du Bronx à New York, réputée pour ses adolescents difficiles.
Richard Dadier aborde sa nouvelle mission avec enthousiasme et passion parce qu’il est persuadé de pouvoir amadouer ses élèves et les convaincre de cultiver le désir d’apprendre. Là, il sera confronté à des situations conflictuelles qu’il était loin d’imaginer. En un seul premier trimestre, il aura à faire face non seulement à l’indifférence de ses élèves mais à leurs agressions verbales puis physiques, à des insinuations de racisme, à des dénonciations mensongères qui porteront atteinte à sa vie privée. Autour de ce personnage central gravitent des personnalités bien typées : certains élèves, d’autres professeurs de l’école, des responsables de l’administration de l’établissement, ainsi que l’épouse de Richard Dadier.
Nul n’est besoin de rapporter ici les péripéties de cette histoire, d’autant qu’elles sont agencées de manière à produire un certain suspense. On ne sait jamais à l’avance comment les tensions vont évoluer, quelles tournures vont prendre les événements.
On aura compris qu’une telle école est un sacré défi, non seulement pour les professeurs qui s’y aventurent, faute parfois de pouvoir enseigner ailleurs, mais peut-être encore plus pour des adolescents de milieux modestes, rejetés d’autres filières plus valorisées, qui ne croient plus pouvoir acquérir les bases d’un vrai métier et qui attendent la fin de l’obligation scolaire pour pouvoir au moins gagner de l’argent en faisant n’importe quel travail sans qualification.
Daniel Fayard
Points – Roman noir – 2008 (réédition) – 342 p.
Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 180 : L’eau, un bien commun.