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La bible des Roms
Description
Alors que l’histoire et les traditions des tziganes sont méconnues, le père Chatard a réussi à créer des liens avec un homme de la communauté, Zanko. Ce dernier lui a révélé les croyances des tziganes qui doivent normalement rester secrètes. C’était important pour Zanko de témoigner afin que son peuple soit mieux compris. Ce livre, écrit dans les années 50, est une forme de lutte commune pour la reconnaissance et le respect du peuple tzigane.
La parution de « Zanko, chef tribal », première version du livre s’est faite au moment du concile Vatican II dans un esprit d’œcuménisme.
Le livre est organisé en grands mythes, par exemple « L’épopée du serpent » ou « Le cycle de Beng ». Il transcrit les récits fondateurs : Dé déveleski, la Terre divine, le vieux dieu Pouro Del et le Bheng (sorte de diable). Selon ces récits, Romni a mangé une pomme et depuis elle sera toujours insatisfaite.
On y raconte aussi l’aventure de Pharavunure, qui voulant dominer le monde, déclara la guerre mais fut englouti dans la mer. Les Rom seraient les descendants de cet homme et en conséquence n’auront désormais plus ni pays, ni État, ni chef, ni Église, ni écriture.
Ces récits ont des correspondances avec la Bible. Pour Zanko, les tziganes sont chrétiens, ils pratiquent le baptême et la visite des tombes à la Toussaint.
A partir des traditions, cet ouvrage donne des explications sur certaines difficultés d’intégration comme celle de l’école : « L’enfant est libre dans le campement. Les parents l’observent mais n’interviennent pour le corriger que s’il commet des sottises. L’enfant s’instruit ainsi lui-même, apprend les traditions et le métier ancestral en regardant, en aidant, en écoutant, en posant des questions auxquelles ses parents et les anciens doivent répondre. Nous n’acceptons pas de nous séparer de nos enfants ».
Il souligne également le manque de connaissances des « gadjés » sur la civilisation rom : « Notre histoire a été plus mal comprise par eux (les chrétiens) qu’elle ne l’était par nous qui n’avons ni livres ni savants pour l’expliquer.»
Le livre est illustré de photos du début du siècle et de cartes postales du Jardin d’acclimatation.
Ce livre est précieux, il permet de découvrir un sujet original et de redonner de la valeur à la culture tzigane. Il est d’une lecture très agréable.
Maroussia Louradour
Éditions Gaussen – 2017 – 310 p.
Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 246 : Ni potence, ni pitié !