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- Action sociale, Politique
La chômarde et le haut commissaire
Description
Lettre ouverte à ceux qui pensent qu’il n’y a rien à faire
L’Agence nouvelle de solidarités actives (ANSA) invite Gwenn Rosière à donner son avis sur le Revenu de solidarité active (RSA) en sa qualité de RMIste résidant dans les Côtes-d’Armor. Elle répond qu’elle travaille et ne pourra y venir. Mais elle joint une lettre et un Petit Guide du Chômard pour exposer son opinion et faire des suggestions. L’ANSA trouve cette lettre intéressante et la transmet à Martin Hirsch, haut commissaire du gouvernement aux Solidarités actives contre la pauvreté, ancien responsable d’Emmaüs France.
Martin Hirsch entame alors une correspondance suivie avec Gwenn Rosière, ici publiée. Elle reste « ébahie » par cette première réponse. On découvre une femme qui a son franc-parler, éventuellement la dent dure ; une femme qui n’a jamais pu obtenir un CDI ; une femme qui vit sur ce terrain de la précarité et qui pense que son expérience a son poids. Elle défend point à point ses idées et joint même des dessins humoristiques. Martin Hirsch lui répond avec son expérience politique et sociale, très ouvert à ces lettres percutantes pleines de bon sens, de philosophie, de bonhomie.
La seconde partie du livre, sous forme d’interview, creuse chaque problème, dépeint ce que Martin Hirsch attend de ce RSA, dont il expose les principes, et révèle les obstacles à surmonter : les indemnités et les aides sociales aux RMIstes sont nombreuses, plus ou moins complémentaires, dépendant de multiples situations et créant un imbroglio susceptible d’engendrer des trop perçus suivis de remboursements douloureux. Les SMICards craignant d’être lésés revendiquent eux aussi. Il y a donc une mécanique subtile à mettre en place. Il faudrait aussi réduire et harmoniser les guichets et remotiver les services. En particulier les inciter à ne pas traiter les intéressés comme des numéros. Exemples et situations à l’appui.
Martin Hirsch dénonce ceux qui veulent décider sans les intéressés. Il dénonce aussi l’attitude de ceux qui « ont un discours très ambigu sur l’association » des pauvres à leurs projets. Son idéal serait « d’en finir avec des allocations qui se substituent au travail, inventer une combinaison entre emploi, revenu du travail et prestations de solidarité ».
La quatrième de couverture souligne bien quelle est la démarche de cet ouvrage : ébranler quelques certitudes, « accélérer la prise de conscience, multiplier les déclics, pour y arriver ».
Ce livre excellent, détaillé, clair, positif, très lisible est à recommander aux travailleurs sociaux et à tout citoyen se souciant d’un traitement égalitaire entre hommes et femmes, entre travailleurs pauvres et travailleurs au chômage.
Jacqueline Konrat
Oh Éditions – 2008 – 249 p.