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- Inégalités, Politique
La préférence pour l’inégalité
Description
Comprendre la crise des solidarités
Le désir d’égalité inscrit dans nos grands principes démocratiques est-il si évident, si répandu dans notre société ? L’auteur montre que le comportement des individus manifeste plutôt une préférence pour l’inégalité. Après avoir repris l’image du monde social fréquemment utilisée, opposant les 1% les plus riches captant les richesses aux dépens des 99% “qui s’indignent mais ne font rien”, il précise “c’est parce que ces 99% ne sont pas un bloc homogène capable d’agir comme tel. C’est aussi parce que, à l’intérieur de cet ensemble, les intérêts des uns et des autres ne coïncident pas. C’est peut-être enfin parce que la passion pour l’égalité n’est pas aussi forte qu’on le suppose.”
Le premier chapitre du livre “Le choix de l’inégalité” développe cette approche en déclinant pêle-mêle les centres villes qui se gentrifient, les banlieues qui s’appauvrissent, les déficiences du système scolaire, le nombre de jeunes sortant de l’école sans aucun diplôme, l’obsession de la réussite par n’importe quel moyen, la recrudescence des discriminations, l’indifférence envers les chômeurs et enfin “l’économie morale du mérite et de la dignité qui finit toujours par blâmer les victimes et par désigner les cas sociaux et les immigrés comme des profiteurs”.
Alors que la moitié de la richesse nationale est redistribuée en France, les mécanismes de cette redistribution sont si obscures que personne ne sait précisément qui paye et qui gagne ; ceux qui payent des impôts ont le sentiment d’être grugés, les autres le sentiment de ne rien avoir. De nombreux Français se sentent abandonnés et se mettent à voter pour les extrêmes.
Les derniers chapitres donnent des pistes pour recréer une solidarité : reconstruire un imaginaire français, ne pas croire que l’on peut expliquer les inégalités uniquement par les aléas de l’économie et de la mondialisation, car ce serait accepter “qu’on n’y peut rien”, puisque nos problèmes viendraient d’ailleurs. Il faut au contraire affirmer que les individus ont besoin les uns des autres et accepter de vivre avec les différences rencontrées à tout niveau, local, national et international, et ne pas attendre que l’État prenne tout en charge.
Seule la construction d’un imaginaire de la fraternité nous rendra suffisamment proches des autres pour considérer que leur égalité nous concerne tous.
Jean-Pierre Touchard
Éditions du Seuil – La République des idées – 2014 – 106 p.