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- Action sociale, Famille
Les coulisses de l’État social
Description
Enquête sur les signalements d’enfants en danger
Dans un premier temps, l’auteur précise dans quel contexte s’inscrit sa réflexion : la situation économique actuelle n’a fait qu’aggraver les situations de précarité et de misère. Les assistantes sociales se trouvent au cœur des transformations de l’État social c’est-à-dire de l’ensemble des mesures de protection et des droits instaurés par l’État. Depuis les années quatre-vingt, les signalements sont en hausse, de nouvelles règles juridiques et bureaucratiques ont été instituées dans le but de lutter contre la maltraitance. Comment celles-ci sont-elles perçues par les assistantes sociales, confrontées à des situations de précarité qui ne cessent d’augmenter ?
Le chapitre II analyse la réponse à la question : qu’est-ce qui va permettre de savoir si un enfant est en danger ou pas ? Un critère spécifique est alors mis en avant, s’ajoutant aux autres – médical, scolaire, juridique – voire les contredisant : le type de relation que l’assistante sociale entretient avec les parents et l’enfant.
Le chapitre III s’intéresse aux désordres familiaux retenus pour justifier un signalement. L’étude de ceux-ci à travers les rapports des assistantes sociales permet de faire apparaitre quelles sont les normes appliquées et montre que la morale familiale privilégiée n’est pas seulement celle d’un groupe professionnel mais aussi celle d’une classe distincte des couches populaires.
Dans le chapitre IV l’enquête de terrain a pu mettre en évidence certains facteurs qui expliquent pourquoi il n’y a pas eu signalement dans certains cas, en le justifiant par un “relativisme culturaliste” et par le souci de conserver une certaine relation pédagogique avec les familles concernées.
Le chapitre V montre que de profondes divergences apparaissent entre les assistantes sociales dans la façon de penser l’intervention judiciaire et met à jour les raisons structurelles de ces désaccords.
Le chapitre VI traite de la rédaction du signalement. Ce n’est pas un écrit ordinaire, il expose celui qui l’écrit, il peut être classé sans suite… il peut être aussi une norme d’évaluation du travail.
Les chapitres précédents ayant mis à jour les éléments parfois contradictoires entrant en jeu dans le processus du signalement, le chapitre VII interroge les moyens dont les assistantes sociales disposent pour surmonter les décalages et les exigences qui pèsent sur elles. Le mot d’ordre est : il faut croire à ce que l’on fait.
A travers cette analyse, l’auteur montre que les enjeux dépassent la question de la protection de l’enfance. Une décision de signalement implique : une certaine conformité à des règles bureaucratiques et juridiques en augmentation, la mobilisation d’autres catégories professionnelles, la conception que chacune a de la morale familiale, sa représentation de la justice et de son métier, sa relation avec la famille concernée, sa position par rapport à sa hiérarchie, à ses pairs, aux professionnels avec qui elle travaille, enfin, sa capacité à écrire le rapport de signalement. S’agit-il alors d’une mission impossible ?
M.-H. Hugonnard-Roche
Éditions Raisons d’agir – Cours et travaux – 2009 – 317 p.