Bibliographie
- Engagement, Spiritualité, Histoire
Les jésuites et les pauvres. XVIe-XXIe siècle
Description
Avec ce livre, l’auteur répond à une demande qui lui a été adressée il y a sept ans, sans doute pour essayer de conjurer une double insinuation. D’une part celle qui taraude secrètement la conscience de certains jésuites : beaucoup de gens pensent que la Compagnie de Jésus s’adresse aux milieux sociaux les plus favorisés, mais ne sommes-nous pas aussi présents aux cotés des populations les moins favorisées ? D’autre part celle qui ne manque pas de s’introduire dans l’esprit de ceux qui les fréquentent : oui, il y a chez vous des charismes individuels, mais le souci des pauvres est-il un trait caractéristique de l’identité jésuite ?
Et l’auteur, théologien jésuite, d’entreprendre une relecture de l’histoire de son Ordre pour explorer tout ce qui porte la trace de ce souci des pauvres. C’est ainsi qu’il évoque tour à tour la vie et l’héritage d’Ignace de Loyola, le fondateur, et de ses premiers compagnons, les textes fondamentaux (Exercices spirituels, Constitutions et décrets des Congrégations générales les plus récentes), les témoignages de quelques figures emblématiques qui ont marqué leurs contemporains par leur engagement auprès de populations stigmatisées, la doctrine de l’apostolat social, la pratique de l’apostolat populaire, le souffle nouveau de ces dernières années sous l’impulsion du Père Pedro Arrupe, préposé général, en faveur du développement conjoint de la Foi et de la Justice.
Deux chapitres m’ont particulièrement intéressé.
Le premier, intitulé « L’homme humilié, un rendez-vous crucial ». On y découvre d’emblée à quel point est au fondement de la foi chrétienne l’apprentissage de la rencontre et de la communion avec l’homme humilié, qui est aussi bien le Christ que le misérable. C’est le chemin d’identification et d’interconnaissance proposé en principe à tout jésuite.
Le troisième, intitulé « Quelle sensibilisation à l’organisation de la société ? » C’est là qu’on comprend le lien étroit qui doit exister entre l’engagement auprès des pauvres et la nécessité de faire évoluer la société au nom d’une plus grande justice, et par conséquent de savoir et pouvoir appeler les riches et les puissants à se convertir à cette nécessité.
Un livre qui peut éventuellement intéresser des membres du Mouvement ATD Quart Monde. D’une part ils y retrouveraient des affinités avec leur propre spiritualité, notamment sur le lien à établir entre le compagnonnage avec les pauvres et les transformations institutionnelles de la société. D’autre part ils pourraient être invités à se demander comment eux-mêmes rendraient compte personnellement du souci des pauvres propre à l’identité de leur Mouvement, que le Père Joseph pour sa part avait défini, au terme de son dernier message : « que le souci de leur libération nous habite en permanence ».
Daniel Fayard
Bruxelles-Paris – Éditions jésuites/Lessius – Petite bibliothèque jésuite – 2020 – 174 p.
