Bibliographie
Accueil / Bibliographies / L’ingénieur du revenu universel
- Politique, Citoyenneté, Économie
L’ingénieur du revenu universel
Description
Voyage d’une idée pour notre temps
L’auteur, ingénieur et docteur en économie, est devenu un des experts français du revenu universel, qu’il considère comme un véritable projet de société. Depuis plusieurs années, il milite pour son adoption.
Dans ce nouvel ouvrage il entreprend de retracer l’histoire de cette idée, d’en souligner la nécessité pour une plus juste répartition des revenus, d’en approfondir les fondements théoriques, d’analyser les raisons et les craintes de ceux qui lui résistent ou s’y opposent, de faire valoir les avancées sociales que sa mise en œuvre permettrait en faveur de l’insertion professionnelle, de l’autonomie des jeunes, du financement des retraites, de l’accès au logement, de la fiscalité du patrimoine et de l’équité de l’économie en général.
Et bien sûr il expose longuement en quoi consisterait l’instauration de « règles universelles s’appliquant indistinctement à toute la population : un revenu mensuel de 500 euros par adulte (dès 18 ans), financé par un prélèvement de 30 % sur tous les revenus imposables ; une allocation familiale unique de 200 ou 250 euros par mois selon l’âge de l’enfant… ». Des règles qui s’affranchissent du caractère discriminant des aides sociales habituelles.
Pour lui en effet, il s’agit de garantir ce qu’il appelle un « socle citoyen » et, faisant sienne une expression empruntée à Yoland Bresson, autre expert en la matière, un « revenu alloué non pas pour exister mais parce qu’on existe, qu’on est reconnu membre de la communauté, qu’on est susceptible potentiellement d’engendrer des échanges, donc de participer à la création de richesses ». Comment ne pas évoquer ici le « Merci d’exister », une expression familière du père Joseph Wresinski pour signifier à son interlocuteur la reconnaissance de son égale dignité ?
Pour démontrer la pertinence du revenu universel, Marc de Basquiat examine l’aspect financier et budgétaire d’un certain nombre de situations familiales concrètes dont il a eu connaissance, à partir desquelles il simule l’amélioration qu’apporterait son instauration, chiffres à l’appui.
Autre source d’intérêt pour le lecteur, l’écho qu’il donne à divers contacts qu’il a pu avoir sur ce sujet avec des milieux politiques, syndicaux, associatifs, ecclésiaux. S’il se réjouit d’une prise de position récente du pape François (« Je pense qu’il est temps d’explorer des concepts tels que le revenu de base universel »), il prend acte de certaines réserves émanant de permanents et de bénévoles associatifs : « Au fond, ils ont évidemment raison : la pauvreté ne se résume pas à l’absence ou la faiblesse des revenus. Les détresses sociales (difficultés de travail, de logement, de couple, de parents, etc.) nécessiteront toujours un accompagnement individuel. » Encore faut-il assurer à chacun, de façon inconditionnelle, un minimum de moyens décents d’existence.
Il s’agit bien là de donner force de loi au droit de vivre, d’un enjeu de société majeur qui interpelle la construction de l’avenir de nos sociétés démocratiques, dont la prise en compte implique une volonté politique forte. Une vision encore utopique aux yeux de certains, mais qui néanmoins nourrit les réflexions prospectives d’un nombre grandissant d’experts et d’élus. Des aspects restent bien sûr à éclaircir, comme par exemple la prise en compte de ceux qui sur un territoire donné ne jouissent pas du statut de citoyens !
Daniel Fayard
Éd. de l’Observatoire – De Facto – 2021 – 396 p.