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Naître en terre rouge / EXTRAIT
Description
“Dans la nuit fraîche d’un petit village loin de tout, loin de la ville, loin du marché, vraiment loin de tout, une femme s’éveille d’un bond. Elle craque une allumette, regarde ses petits endormis sur la natte, parvient à les border tous les quatre avec sa propre couverture, avant d’être de nouveau plongée dans le noir. Puis, aussi vite qu’elle peut, elle enfile tous ses vêtements les uns par dessus les autres avant de se lever avec peine.
Elle entrouvre la porte pour vérifier qu’il y a de la lumière chez les voisins. Oui. Eux aussi se préparent pour aller au marché. Peut-être est-elle en retard ? Elle sort leur demander une braise pour allumer son feu. Quand c’est elle qui est levée la première, ce sont les voisins qui viennent. Longues salutations, nouvelles de la famille, et qui ira au marché aujourd’hui ? Pourvu qu’il ne pleuve pas.
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Sitôt rentrée avec son bois incandescent, elle en approche un peu de paille sèche. De belles flammes illuminent la pièce. Entre les trois pierres qui lui servent de réchaud, elle ajoute du petit bois et souffle sur la braise. Les yeux sur ses petits, sans faire de bruit, elle ramasse un gros panier de mandarines, et une poignée de chiffons qu’elle dépose près de la porte. ”
[…]
“Une fois réchauffées, elle frotte ses mains sur son visage, puis se caresse le ventre rond. Les yeux fixés sur lui, elle explique au bébé qu’elle doit vendre ces mandarines et que, si elle réussit à tout vendre, elle pourra acheter un joli tissu et une bouteille d’alcool médicinal pour sa venue au monde.”
[…]
“Puis elle se rassoit près de son panier de mandarines qu’elle renverse sans bruit sur le sol en terre battue. Elle en fait des tas de dix. Les fruits ainsi comptés, elle les remet dans le panier. Enfin, elle tord les chiffons dont elle forme un bourrelet qu’elle pose habilement sur le sommet de ses longs cheveux. Elle s’accroupit, saisit le gros panier et le hisse sur sa tête, jetant un dernier regard à ses enfants avant d’ouvrir la porte.”
[…]
“Le chemin jusqu’au marché, elle le connaît par cœur, mais elle marche avec prudence, non seulement à cause du grand panier de mandarines qu’elle porte sur la tête, mais surtout à cause de son bébé qui remue dans son ventre.”
[…]
“A cette heure-ci, la terre rouge qui lui colle aux pieds est encore toute noire. La bruine mouille ses vêtements…”.