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Partager la parole de Dieu avec les pauvres
Description
Ce colloque a permis à quelques théologiens de rendre compte de leur compréhension de la foi des pauvres, sur la base de témoignages recueillis par le groupe Quo Vadis ? de la Flèche (Sarthe), par le groupe toulousain Bonne Nouvelle Quart Monde et par l’association Pierre d’Angle, fondée par Jean-Claude et Maryvonne Caillaux, qui anime une recherche sur la question posée par Jésus « Pour vous, qui suis-je ? ».
L’expression « se laisser enseigner la Parole de Dieu par les pauvres » pourrait servir de fil rouge à la lecture de leurs contributions. Pour beaucoup, il y a eu d’abord le choc culturel d’une rencontre avec ces chrétiens très pauvres, rencontre désirée et saisie comme une chance pour apprendre d’eux à penser, prier et vivre ensemble, mais en même temps déstabilisatrice par les remises en cause qu’elle suscite. Il ne s’agit pas en effet pour eux, « d’être cantonnés dans le registre du témoignage, d’être seulement entendus, mais de participer au débat, de faire des propositions. » Ils sont de fait et se veulent « missionnaires ».
Mais « est-ce qu’il y a, institutionnellement, une volonté de garantir une telle participation et de mettre en place des moyens pour cela, dans l’Église comme dans la société ?… L’Église et la société se privent d’un lien essentiel pour leur renouvellement et leur vitalité en se coupant des personnes en situation de précarité ». Parce que les chrétiens très pauvres ont déjà expérimenté, eux, qu’ils sont écoutés et rejoints par Dieu au cœur de leur pauvreté. Ils s’identifient spontanément aux personnages bibliques, à ceux que Jésus rencontre et à Jésus lui-même, spécialement à travers les souffrances qu’il endure durant son chemin de croix. Ils y puisent le fondement de leur espérance : « Un jour, nous aussi, nous serons compris et la vérité se fera ». D’où la nécessité de la reconnaissance des aspirations sociales et spirituelles des pauvres, qui restent le plus souvent méconnues ou niées quand ils sont perçus, au mieux, comme destinataires de dons.
Au-delà de leurs réflexions, ici rapportées et valorisées, le lecteur trouvera quelques éclairages complémentaires sur l’hospitalité de la parole, la communication et l’éducation, ainsi qu’un chapitre consacré opportunément à rappeler à quel point la lecture de la Bible a été historiquement, pour le peuple noir américain, d’une puissante inspiration pour sa libération de l’esclavage.
Au total un ensemble de textes suggestifs et assez faciles d’accès, susceptibles de stimuler des approches similaires de la part d’autres théologiens, pas seulement dans le cadre de nouveaux colloques comme celui-ci, mais, espérons-le, dans le cadre de la formation initiale de tous ceux qui prétendent étudier la théologie.
Daniel Fayard
Desclée de Brouwer – Théologie à l’Université – 2013 – 190 p.