Bibliographie

Jean-Louis LAVILLE et Anne SALMON
Paru en : 1970

Pour un travail social indiscipliné

Les deux auteurs nous montrent comment l’action sociale peut développer une « nouvelle philosophie porteuse de changement et ne se limitant pas à la réparation ».

Description

Participation des citoyens et révolutions des savoirs

1. Le travail sur le public
Le travail social qui doit agir sur le public repose sur trois pré-supposés :
– Un sujet-savant observe un objet-matière ;
– La vérité de la théorie précède la pratique et l’expérience ;
– La démarche scientifique est pensée comme révélation de lois universelles

« L’autre peut basculer dans la catégorie des objets. Cette idée est le levier conduisant à développer une théorie de l’intervention sociale sur autrui à l’image de l’intervention de l’homme sur la nature, l’un et l’autre réduits à leur dimension d’objet propre à être transformé. »
On demande au travailleur social d’opérer une distanciation par rapport au public visé ce qui interdit toute intervention de type participatif. Le travail social a évolué vers plus de segmentation, des logiques gestionnaires, des normes et des règles avec un objectif de résultat : les aides sont soumises à des conditions comportementales.
« Ce glissement de pratique est ressenti par les travailleurs sociaux comme une forme d’instrumentalisation de leur travail par les élus ou les responsables des dispositifs, au détriment de l’usager dont l’écoute devient secondaire » (P. Kertudo et D. Vanoni)

2. Le travail avec le public
A l’inverse, sur le plan méthodologique l’agir avec le public suppose de déconstruire et d’inventer. Cela oblige à sortir des cadres fixés une fois pour toutes.
« La reconnaissance du fait que les gens ordinaires ne sont pas des imbéciles crédules comme tentent de le faire croire certains discours d’expertise […] est indissociable du développement de la démocratie comme forme de vie – dans la vie publique comme dans la recherche académique » (S. Laugier). Dans l’éducation scolaire comme dans l’intervention sociale.
« Par opposition à cette intelligence expérimentale et modulable, il faut dire que la Raison telle qu’elle a été utilisée par le rationalisme historique a eu tendance à se montrer désinvolte, orgueilleuse, irresponsable, rigide. En un mot : absolutiste » (J. Dewey)

3. La démocratie
C’est par et dans la communication ordinaire que les individus se forgent des opinions et découvrent qu’ils peuvent décider ensemble. Ainsi la démocratie tire sa légitimité des opportunités de participation qu’elle procure.
Des individus soumis au mépris peuvent alors se reconnaître comme groupe et organiser la résistance (noirs américains). La conversion d’un stigmate isolé en revendication collective rend possible un changement institutionnel.

« L’économie ne peut être dépourvue de normes émanant du monde vécu, son enfermement dans le seul système est absurde », comme le prouvent l’économie solidaire et les communs. Dans le « monde de l’économie solidaire les pratiques économiques et sociales sont alternatives et leur mise en débat dans l’espace public n’est pas séparée de ces pratiques. C’est la même chose pour les activités organisées autour de biens communs comme l’eau ou la santé, elles sont mises en œuvre par les personnes concernées et indissociables des espaces publics dans lesquels elles sont abordées ». (N. Fraser)

Agir par soi-même et pour soi-même avec d’autres, tel est le ressort de la mobilisation par laquelle les publics sont actifs et collaboratifs. Les réponses qu’ils inventent touchent de multiples facettes du vivre ensemble : usages de communs, réappropriation d’activités productives, échanges en circuits courts, créations de monnaies alternatives, expérimentations de différentes formes de gratuité et de manières d’appréhender l’habitat collectif, le travail, les rapports humains.

Les partenariats se font avec d’autres initiatives citoyennes, avec des collectivités publiques soucieuses de se démarquer d’une marchandisation subie, afin de renforcer des socio-économies locales au service des habitants, qu’ils soient démunis ou non.

Annick Mellerio

Erès – Intervention sociale – 2022 – 219 p.

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Les demandeurs d'asile peuvent percevoir les minima sociaux tels que le RSA.

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