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- Économie, Mondialisation
Quelle “autre mondialisation”
Description
Malgré les diversités des points de vue, la plupart des intervenants décrivent la mondialisation comme responsable du creusement des inégalités, entre les pays et à l’intérieur de chaque pays, et chacun oriente ses analyses et ses propositions vers la construction d’une société plus solidaire.
Certains auteurs remettent en cause la notion même de développement, comme un «mythe typique du sociocentrisme occidental», comme l’écrit Edgar Morin, qui note plus loin : «le problème de la pauvreté est mal estimé en termes de revenus, c’est surtout celui de l’injustice dont souffrent les indigents, miséreux, nécessiteux, les subalternes, les prolétaires, non seulement devant la malnutrition ou la maladie, mais dans tous les aspects de l’existence où ils sont dépourvus de respect et de considération. Le problème des démunis c’est leur impuissance devant le mépris, l’ignorance, les coups du sort».
Serge Latouche propose la «construction d’une société moins injuste (qui) serait à la fois la réintroduction de la convivialité, d’une consommation plus limitée quantitativement et plus exigeante qualitativement»
Daniel Cohen propose d’organiser une «gouvernance mondiale», partir des grandes agences mondiales : OMC, FMI, Banque Mondiale, OMS, BIT, en renforçant les pouvoirs des deux dernières pour que les organismes financiers soient soumis aux objectifs qu’elles définissent en matière de santé et de travail : «on ne pourrait pas poursuivre un pays pour fabrication abusive de produits génériques dès lors qu’il y aurait été autorisé par l’OMS».
Jacques Généreux propose de dépasser la rhétorique de l’alternative au capitalisme : «nous cherchons (…) à reconstituer une société solidaire et cela n’exige ni l’abolition de la propriété privée du capital, ni la fermeture des frontières, cela exige «seulement» d’autres politiques, d’autres institutions et la reconstruction d’une culture citoyenne».
«Seule une autre victoire politique démocratique pourra durablement défaire la victoire politique du néolibéralisme. Mais cette victoire restera impossible sans la conduite d’une bataille culturelle et morale auprès des citoyens. Car ces derniers ont l’esprit pollué par le culte de la croissance matérielle, l’égoïsme anti-impôts, la désillusion à l’égard des idéaux de justice sociale, le repli sur soi, la certitude que la politique ne peut plus rien, et toute la bouillie caricaturale dont les médias les gavent sur l’état du monde et les lois de l’économie».
Revue du MAUSS n° 20 – 2002 – 357 p.