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Rapport sur la pauvreté en France. 2018
Description
“La pauvreté est l’une des inégalités les plus visibles. Entre 2006 et 2016, le nombre de pauvres a augmenté selon l’INSEE de 630 000 au seuil à 50 % du niveau de vie médian alors qu’en même temps la richesse nationale s’est accrue de 7 %, soit de 170 milliards d’euros. Ce n’est pas un paradoxe mais la conséquence d’une distribution inégalitaire des revenus qui témoigne de l’absence de ruissellement des richesses concentrées en haut de la pyramide […]”
“Être pauvre, c’est être exclu d’une norme sociale à un moment donné, sur un territoire donné. On ne peut pas comprendre la pauvreté si on ne la replace pas dans le contexte global des inégalités. Les pauvres le sont d’autant plus que toute une partie de la population s’enrichit de manière considérable, accède aux bonnes filières scolaires, part en vacances et consomme à tout va. Beaucoup trop souvent on s’apitoie sur les plus démunis, mais on refuse de voir que leur situation résulte aussi de l’accaparement de la richesse par les plus aisés. […]”
La pauvreté est une chose, la misère en est une autre. Les données sur la pauvreté portent sur une population dont les revenus sont très étendus, même en ne considérant que le seuil à 50 % du niveau de vie médian. Qui sont les pauvres parmi les pauvres ? […] Aujourd’hui, en France, des personnes continuent à vivre dans des conditions inacceptables pour l’un des pays les plus riches au monde.
Combien sont réellement les plus pauvres ? Plusieurs indicateurs permettent de le mesurer : le taux de pauvreté à 40 % du niveau de vie médian, le nombre d’allocataires des minima sociaux, celui des mal-logés et enfin celui des bénéficiaires de l’aide alimentaire. En France, 2,1 millions de personnes vivent avec au mieux 684 euros par mois pour une personne seule, ce qui correspond au seuil à 40 % du niveau de vie médian selon l’INSEE (données 2016). Pour elles, il est quasiment impossible notamment de se loger dignement sans des compléments de revenus : l’aide de parents, d’amis, des petits boulots ou du travail non déclaré.
Quatre millions de ménages doivent se contenter de minima sociaux (ce qui représente plus de six millions de personnes si l’on comprend les conjoints et les enfants), selon le Ministère des Affaires sociales (données 2016). Si l’allocation adulte handicapé ou le minimum vieillesse atteint 800 euros mensuels, le montant du RSA socle est de 551 euros pour une personne, 1 157 euros pour un couple avec deux enfants en 2018. Ce sont de trop faibles revenus pour vivre qui contraignent, là aussi, à faire appel à la famille, aux amis, aux associations ou à accepter n’importe quel « petit boulot ».
800 000 personnes n’ont pas de domicile personnel, dont plus de 600 000 sont hébergées de façon contrainte chez des tiers, selon la Fondation Abbé Pierre (voir L’état du mal-logement en France, 2018). Parmi elles, près de 70 000 n’ont aucun lien familial avec celui qui les reçoit. 2,4 millions de personnes vivent dans un habitat dégradé, 900 000 occupent des logements trop petits, 140 000 n’ont pas du tout de domicile. Plus de 10 000 personnes dorment dans la rue selon l’INSEE (données 2012).
Comble pour l’un des premiers producteurs agricoles mondiaux, pour manger près de cinq millions de personnes auraient eu recours à l’aide alimentaire en 2015. Un chiffre qui regroupe les données des Restos du Cœur, du Secours populaire français, de la Croix-Rouge française et de la Fédération française des banques alimentaires (qui inclut des associations locales partenaires et des CCAS). […]
[Toutes] ces situations sont vécues d’autant plus violemment que cette misère est au cœur d’une société où les niveaux de vie moyens sont très élevés, où les conditions de logement se sont améliorées au cours des dernières décennies et où l’accès à la consommation s’est largement diffusé.[…]
Extraits de textes du Rapport
« Réduire la pauvreté » ne serait-il pas « un défi à notre portée ?»
Éditions de l’Observatoire des inégalités – 2018 – 96 p.