Bibliographie
Accueil / Bibliographies / Rapport sur la pauvreté en France. 2e édition. 2020-2021
- Économie
Rapport sur la pauvreté en France. 2e édition. 2020-2021
Description
Après une introduction exposant les chiffres clef de la pauvreté, le premier chapitre Les jeunes en première ligne est tout entier consacré aux moins de 30 ans. A la suite des lourdes conséquences du coronavirus, “les jeunes vont subir l’essentiel de ses retombées économiques” affirme Louis Maurin, directeur de l’Observatoire. La suite est tout aussi sévère : “A la place de politiques à destination des plus démunis, le gouvernement a préféré accorder dix milliards d’euros par an de baisse d’impôts aux entreprises […]. Cette aubaine va servir à grossir les profits des actionnaires. Un immense gaspillage d’argent public…”
Les données qui sont référencées datent de 2017, au mieux de 2018, (revenus et salaires sont connus avec 2 années de décalage, en France comme ailleurs) : elles ne permettent pas de préjuger de toutes les conséquences de la crise actuelle, mais elles permettent au moins d’établir la situation dans laquelle se trouvait la jeunesse. Il est urgent de comprendre que la moitié de la population pauvre concerne les moins de 30 ans, et que sur les 5 millions de pauvres en 2017, “près d’un tiers sont des enfants et des adolescents”. Parmi les 18-29 ans, plus d’un sur dix est pauvre au seuil de 50% du niveau de vie médian (moins de 885 € par mois), ce qui représente plus d’un million de personnes. Les “petits boulots” qui permettaient de s’en tirer ont disparu. Cette tranche d’âge est aussi la plus touchée aujourd’hui par l’ampleur du chômage, les faillites d’entreprises et la précarité qu’engendre la crise économique et sanitaire.
“Il y a une énorme hypocrisie à déplorer la pauvreté des jeunes mineurs sans voir qu’elle résulte de la situation de leurs parents”. En 2017 il y avait 1,5 million d’enfants de moins de 18 ans qui vivaient dans une famille dont le niveau de vie était inférieur au seuil de pauvreté de 50% du revenu médian. Déjà en 2016, 39% des enfants de familles monoparentales vivaient sous le seuil de pauvreté. Toujours selon l’Insee, 30 000 enfants vivent avec un parent qui n’a pas de domicile fixe, forcé d’utiliser l’hébergement d’urgence.
Le second chapitre, Etats des lieux et évolution, prévient, dès l’entrée en matière : “L’incertitude est aujourd’hui totale. Même si l’activité économique redémarre, le mal est déjà fait : plusieurs centaines de milliers de personnes ont probablement basculé dans la pauvreté du fait du chômage et de la précarité”. Selon l’Insee en 2018, 5,3 millions de personnes vivaient avec moins de la moitié du revenu médian pour une personne seule. En 2019 ce sont près de 4 millions de familles qui doivent s’en sortir avec les minimas sociaux : ce qui représente plus de 6 millions de personnes.
Ce chapitre analyse la pauvreté par rapport aux “mesures non monétaires”qui influent très concrètement sur les conditions de vie en termes de privations : ex. le chauffage, les vacances, le confort sanitaire, l’accès à un logement, etc. D’autres dimensions peuvent concerner l’échec scolaire, le décrochage, l’accès au travail, l’absence de liens sociaux, l’accès aux technologies nouvelles… Il apparaît ainsi que 20% des Français sont victimes d’illectronisme, soit l’impossibilité d’utiliser les ressources et les moyens de communications électroniques.
Les chapitres suivants, L’opinion des Français envers la pauvreté et Qui sont les personnes pauvres, permettent de comprendre les différentes formes de pauvreté dans notre nation et de transformer notre façon de voir en interrogations et en arguments de débats sociaux et politiques.
La dernière analyse Où vivent les personnes pauvres ? révèle de grandes disparités dans la géographie humaine des 8% de pauvres en France. Elle fait découvrir un aspect souvent occulté dans les études démographiques : la pauvreté touche particulièrement les Départements d’Outre-Mer.
Il faut souligner le soin qui est mis dans la rédaction de ce rapport en matière d’explications, en nombre de tableaux descriptifs, de statistiques et de schémas toujours commentés, dans un langage accessible à tous.
Jean-Pierre Touchard
Observatoire des inégalités – novembre 2020 – 104 p.