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- Enfance, Famille
Souvenirs et itinéraire d’un gosse de la DDASS
Description
Patrick Cauche, 55 ans, écrit : « Ce récit constitue en quelque sorte une thérapie pour moi qui ai mal vécu le placement… Il sera question de mon vécu mais aussi d’une institution, celle de la protection de l’enfance, plus précisément du placement familial, sous plusieurs regards différents, celui de l’enfant placé et celui de la famille d’accueil. »
Car c’est là l’originalité de l’auteur. Enfant placé ayant connu le foyer, les familles nourricières, la séparation avec une partie de sa fratrie, l’internat, l’errance, la délinquance, il finit par accéder à une formation qui lui permet de devenir assistant familial dans un service du Nord de la France. Avec son épouse également assistante familiale, il accueille aujourd’hui à son tour dans leur propre maison des enfants placés. Ce n’est pas une autobiographie à proprement parler, mais la description fragmentée d’un itinéraire chaotique à travers des souvenirs plutôt anecdotiques mais pleins de sens pour lui et souvent amers à cause d’une injuste solitude (personne à qui parler et se confier vraiment).
C’est aussi un plaidoyer en faveur d’une aide psychologique aux enfants qui ont une vie difficile, de l’accès à des formations humaines et professionnelles qui leur soient adaptées.
C’est seulement le 28 février 2013 que Patrick Cauche a pu consulter (pendant une demi-heure !) le dossier individuel relatif à son propre placement, auprès du « Bureau départemental de l’Accompagnement aux Origines », et constater que rien n’y était mentionné qui puisse témoigner des immenses souffrances qu’il avait endurées durant toutes ces années. Néanmoins, il souligne la récente évolution positive de l’Aide sociale à l’enfance, qui ne ressemble plus aux services de la DDASS qu’il a connus dans son enfance.
Bien plus, il manifeste une grande considération pour tous ceux qui œuvrent dans le cadre de la protection de l’enfance. Il loue leur dévouement. Il déplore que le métier des assistants familiaux en particulier ne soit pas davantage reconnu, promu, soutenu, voire défendu. Car par certains côtés, c’est un métier à risques.
Par exemple, la mise en cause par un enfant avec dépôt de plainte de ses parents entraîne une procédure judiciaire qui ruine ipso facto la confiance entre les partenaires et nécessite un remplacement immédiat de l’assistant familial, qui voit du coup son salaire amputé (où est la présomption d’innocence ?)… alors même qu’au terme de l’enquête la plainte pourra être considérée comme abusive et la mise en cause de l’enfant sans fondement. L’auteur en appelle ainsi à quelques avancées juridiques pour sécuriser la profession, doter ses membres de droits à l’instar de ceux conférés aux parents par l’autorité parentale.
Si le lecteur est bien introduit à la compréhension du vécu et des réflexions de l’auteur, il ne sait pratiquement rien des sentiments et de la pensée des enfants qu’il accueille. Comment vivent-ils le fait d’être pris en charge par un ancien enfant placé ? Sans doute cet aspect-là ne fait-il plus partie de la thérapie !
Daniel Fayard
Éditions L’Harmattan – Réseau Tessitures – 2013 – 174 p.
Sur le même sujet, aux Éditions Quart Monde :
La petite fille numéro 624
Réussir la protection de l’enfance avec les familles en précarité