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Travail et classes sociales : la nouvelle donne
Description
Conférence-débat de l’Association Emmaüs à l’École normale supérieure
L’apparition d’un chômage élevé en France à partir de 1970 a mis en évidence la place essentielle du travail dans la vie individuelle et dans la société.
1. Les principales tendances de l’évolution du travail.
– intensification : accélération du rythme ;
– précarité et développement du temps partiel ;
– flexibilité : adaptation permanente aux horaires et aux restructurations ;
– individualisation et autonomie qui, couplées à l’intensification et la précarité « prennent le travailleur dans les mâchoires d’un étau ».
Par ailleurs, le phénomène des travailleurs pauvres, dont le salaire ne permet pas à une famille de vivre décemment, est apparu aux États-Unis puis s’est répandu dans l’Union européenne, surtout chez les familles monoparentales et les jeunes.
2. Les effets de ces transformations sur la structure de classe
Aux siècles précédents le schéma de base opposait les détenteurs des moyens de production à ceux qui ne possédaient que leur force de travail, même s’il y avait beaucoup d’exceptions. Les employés et les petits fonctionnaires se rangeaient du côté des ouvriers et c’est leur lutte qui a contribué à améliorer les conditions de travail. Mais, actuellement, le phénomène de classe déborde le cadre national : les grandes puissances économiques et financières sont multinationales et les ouvriers européens consomment ce qui est fabriqué par des ouvriers de pays où la main-d’œuvre est moins chère. Le travail des femmes complique le classement des ménages dans une catégorie professionnelle.
A l’intérieur même des classes populaires, trois populations sont particulièrement soumises à la précarité : les minorités ethniques, les jeunes et les femmes. Trois institutions ont contribué à estomper les contours culturels des différentes classes : l’école, la télévision et les supermarchés.
3. Pour une nouvelle analyse de la structure de classe
Des fractures apparaissent à partir de nouveaux éléments : la fragilisation du statut professionnel, le choix d’une résidence en fonction de l’accès scolaire, la possibilité d’acquérir son logement. En France le niveau d’études joue un rôle plus important que dans les autres pays européens, déterminant le statut professionnel, lequel demeure encore un élément essentiel de l’identité. Les cadres s’investissent moins dans le travail car ils se savent des salariés précaires comme les autres. Des petits employés décrochent de la classe moyenne en perdant la possibilité d’acheter leur logement. Les salariés des classes populaires se désolidarisent des chômeurs « qui cherchent à vivre du RMI ». Une fraction des classes populaires tombe dans la pauvreté.
« Mais ces écartèlements, tout en compliquant les analyses, ne remettent pas en question la réalité des classes sociales et des conflits qui les opposent ».
Annick Mellerio
Éditions Rue d’Ulm – La rue ? Parlons-en ! – 2010 – 66 p.