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- Politique, Développement
Vaincre la faim
Description
Pour en finir avec l’inacceptable…
Après avoir été président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) (1979-1986), ministre de l’Agriculture (1986-1988), député européen (1989-1994), député de Meurthe-et-Moselle (1993-2007), l’auteur est actuellement conseiller régional de Lorraine.
Fort de son expérience professionnelle, syndicale, politique et diplomatique, il nous livre ici un ouvrage porteur de ses analyses, de ses convictions et de ses propositions, qui s’avèrent d’un grand intérêt eu égard à l’actualité et à l’acuité de cette insoutenable réalité persistante : un milliard d’hommes, de femmes et d’enfants sont des victimes de la faim, condamnées à de mauvaises conditions de santé et à l’incapacité d’accéder à une meilleure instruction ou éducation.
Il dénonce bien sûr ce scandale du sous-développement dont il donne des exemples saisissants, relatifs aux besoins insatisfaits, aux ressources mal partagées, aux aberrations des pratiques malthusiennes de l’Europe (destruction massive de viande, interdiction de dons alimentaires, quotas laitiers, gel imposé de terres productives)… alors que la famine sévit dans les pays du Sud.
Il démontre que les politiques mises en œuvre ne sont pas à la hauteur du défi à relever. Elles oscillent entre fausses solutions et demi-mesures, marquées plus souvent par l’échec que par la réussite.
Face à ce constat, « il appartient à la Communauté internationale de reconnaître une exception au libre-échange généralisé », car le droit à la nourriture compte parmi les premiers droits de l’homme. « Comme l’agriculture, qui constitue 80 % des ressources des pays les moins avancés (PMA), est leur principale monnaie d’échange, en toute logique et pour des raisons éminemment politiques, il convient de leur accorder le bénéfice d’une exception alimentaire en dérogation des règles du commerce international… : leur offrir un accès direct et préférentiel sur les marchés mondiaux, les autoriser à se protéger de la concurrence extérieure par un cordon douanier efficace, accroître leurs recettes d’exportation par le relèvement de leurs prix de vente. » Telle est la philosophie du nouvel ordre économique mondial prôné par ce qui a été appelé le Plan Guillaume lorsque son auteur a cherché à le promouvoir auprès d’un certain nombre d’États et d’institutions internationales, d’ailleurs au nom de la France, puisqu’il était ministre de l’Agriculture.
Comme François Guillaume prend soin de rapporter dans le détail les entretiens qu’il a eus à ce sujet avec ses interlocuteurs au cours de ses diverses missions diplomatiques, le lecteur est introduit au cœur de ces dialogues et peut apprécier tant les efforts déployés pour convaincre que les réactions suscitées de plus ou moins grande adhésion ou de plus ou moins grande défiance.
Si les aléas des conjonctures politiques n’ont pas permis de concrétiser les espoirs d’avancées entrevues, les idées sous-jacentes continuent à faire leur chemin. Et l’auteur continue de militer, en faveur par exemple d’une OPEP des pays agricoles, de marchés communs pour le Tiers-Monde, de nouveaux contrats de développement, d’unions monétaires régionales, etc.…
Un ouvrage très accessible d’accès et très stimulant !
Daniel Fayard
Eyrolles – 2009 – 217 p.
Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 213 : Médias et pauvreté