La chronique de Bella Lehmann-Berdugo
Temps mort
Eve Duchemin. Fiction. France-Belgique. 3 Mai
Trois détenus sont en permission le temps d’un week-end, pour renouer avec leur famille, pour tester un futur travail, surtout pour rendre des comptes à leurs proches. Colin, Antony, Hanousin : trois hommes d’âges, de caractères différents, trois ambiances familiales. Le récit avance par fragments, passant de l’un à l’autre. Chacun porte en lui la prison qui teinte le regard des autres : on perçoit bien les sentiments contradictoires des parents, des enfants et de la fratrie. La solitude, le sentiment d’étrangeté sont palpables. La réalisatrice mêle avec finesse le savoir-faire d’acteurs professionnels et le savoir être de non professionnels. Des scènes longues pour mieux éprouver les émotions de chacun, réalistes, intensifiées par l’absence de musique, grâce aussi aux personnages secondaires. On a de l’empathie pour ces trois hommes. En auront-ils fini un jour avec leur dette à la société, à leurs proches ?
Le principal
Chad Chenouga. Fiction. France. 10 Mai
Sabri Lahlali, principal adjoint d’un collège de quartier, rêve d’un lycée d’excellence pour son propre fils, sur le point de passer le brevet. Autour de lui, son ex-épouse, professeure, et la principale Estelle, bientôt à la retraite, très bienveillante (délicieuse Yolande Moreau). Sabri, friand de littérature, a tout fait pour sortir de son milieu d’origine. Son frère Saïd, marginal, fragile incarne sa part d’ombre. Aux yeux de ses anciens amis de la cité, c’est un traître. Les relations entre les personnages sont vues avec subtilité. Tantôt compréhensif tantôt inflexible, Sabri est un homme complexe, tiraillé, oscillant entre sa conscience et ses aspirations. Loin du film classique sur la banlieue, la caméra scrute les silences, les tressaillements, les affres, la solitude d’un personnage. Une belle surprise.
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