Plusieurs militants de Lyon et de La Mure ont participé à la conférence Archipel, le 15 avril, pour réfléchir, avec des chercheurs et chercheuses, aux futurs de nos sociétés face aux dégradations climatiques, sociales et politiques.
Lorsqu’elle entre dans l’amphithéâtre dans lequel se trouvent une soixantaine de personnes, Fabienne De Souza, s’exclame : « Je me crois au Parlement ! ». Les militants Quart Monde se sont sentis fiers en montant les marches de l’Institut national des sciences appliquées de Lyon, où se tient la conférence Archipel « Faire face aux défis environnementaux avec les plus pauvres ». Pour Céline Vercelloni, co-responsable du département Écologie et grande pauvreté d’ATD Quart Monde, « c’est essentiel que la parole des plus pauvres sur les crises à venir, sur les injustices climatiques et environnementales, soit prise en compte ».
Au micro, Adrien Nobile, Chantal De Trobiand, Fabienne De Souza, Thierry Souef, accompagnés par Marie-Agnès Maréchal et Catherine Gremaud, alliées d’ATD Quart Monde, partagent les réflexions préparées et travaillées en groupe quelques semaines auparavant. « Si on continue à polluer la planète Terre, on fera comme les animaux préhistoriques, on va disparaître. Il ne restera que nos constructions. Et riches ou pauvres, on sera pareil », soulignent-ils.
Pour Elisabetta Buccolo, chercheuse au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers) et alliée du Mouvement, « ce sont les populations les plus pauvres qui sont les plus exposées aux risques environnementaux (pollutions, déchets, inondations…), alors qu’elles sont exclues des espaces décisionnels ». Les inégalités socio-économiques et politiques se cumulent donc avec les inégalités environnementales.
« On pense pareil »
L’intervention d’ATD Quart Monde suscite de nombreuses questions dans la salle, de la part des chercheuses et chercheurs venus d’univers très différents. L’un d’eux interpelle les militants Quart Monde : « Et si vous aviez de l’argent, vous achèteriez une voiture ? ». La question désarçonne les militants qui ne répondent pas immédiatement. Puis, en sortant de la salle, l’un d’eux affirme: « Je pourrais avoir un appartement ». Mais, en réfléchissant davantage, il dit : « non, je garderais l’argent pour me soigner, pour me faire soigner les dents ».
À la fin des quatre jours de conférence, les membres d’ATD Quart Monde ont le sentiment d’avoir été entendus. « Finalement, ils sont chercheurs, mais on pense pareil. C’est les mêmes problèmes, les mêmes pensées », constate Thierry Souef. « On sentait qu’il y avait du partage entre nous. Pour une fois, je me suis sentie vivante, je me suis dit, ça y est on existe, on nous écoute », ajoute Fabienne De Souza, avant de conclure : « C’est important qu’on puisse être intégrés dans le système climatique, car on fait partie de ce pays. Je suis éblouie par tout ce qu’on a appris, tu vois qu’ils se battent pour sauver cette terre ».
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de juin 2024.
Photo : Conférence Archipel le 15 avril à Lyon. ATD Quart Monde