À Annecy, les animatrices de la Bibliothèque de rue s’installent chaque mercredi de 14h30 à 16h dans un centre d’hébergement d’urgence.
Chaque mercredi, dès qu’ils entendent la voiture arriver, Daris, Anissa, Viktor, Redon et Anoel se précipitent pour aider les animatrices à décharger les livres et les bâches. Ils se disputent un peu pour savoir qui portera le plus de matériels, puis tout le monde entre dans le centre d’hébergement et s’installe dans le local à poussettes, un endroit visible de tous. Ils sont en général une quinzaine, âgés de 3 à 12 ans. Chacun choisit un livre et écoute l’histoire, plus ou moins attentivement, jusqu’à la fin. Certains sont en France depuis plusieurs années et ont connu parfois des hébergements précaires avant d’arriver dans ce centre, où chaque famille peut au moins avoir sa chambre.
« Nous avons fait plusieurs séances autour du thème de la maison, pour découvrir les différentes façons d’habiter dans le monde et comment se construit une maison. Nous en avons fabriqué une en carton et chacun a pu mettre le carrelage, construire le toit, découvrir comment fonctionnait les canalisations, l’électricité… Cela a beaucoup plu aux enfants », se souvient Marie-Thérèse Lepan, l’une des animatrices.
Des activités pour relancer le dynamisme
Un mercredi, des enfants ont insisté pour avoir des livres sur un sujet précis : la peur. « Nous en avons apporté la fois suivante, mais cela ne correspondait pas vraiment à ce qu’ils souhaitaient. Nous n’avons pas très bien compris ce qu’étaient leurs peurs, mais ces livres ont quand même permis de petits échanges », explique-t-elle. Les livres sur le corps humain rencontrent quant à eux un grand succès. « Les enfants sont souvent pudiques et ne veulent pas trop en savoir sur le corps et, en même temps, ils sont curieux et ont envie de mieux comprendre. Nous avons fait une activité en dessinant simplement deux silhouettes et cela leur a permis de s’exprimer », ajoute l’animatrice.
Mais le projet qui a le plus enthousiasmé les enfants portait sur le thème de la malvoyance, d’autant plus que l’un d’entre eux était concerné directement par ce handicap. En petits groupes, ils ont pu mieux comprendre ce que cela signifiait de ne pas bien voir, poser des questions à une personne malvoyante, écrire leurs prénoms sur une machine à écrire le braille et rencontrer deux chiens guides d’aveugles. Pour l’occasion, six mamans sont venues participer à la séance. « Les enfants se lassent très vite, donc nous sommes un peu obligés d’inventer de nouvelles choses pour relancer le dynamisme », précise Marie-Thérèse Lepan. Mais les six animatrices ne manquent pas d’idées pour alimenter les échanges avec les enfants.
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de juin 2024.