Plusieurs candidats ont fait du soi-disant assistanat un de leur cheval de bataille. Objectif : réduire les dépenses publiques sur le dos des plus pauvres et les responsabiliser par le travail. Des discours qui prospèrent sur des idées fausses : notre système social serait si généreux qu’il désinciterait « fainéants » et « profiteurs » à retourner vers l’emploi.
Notre système de protection social trop généreux ?
La France est dans la moyenne européenne concernant les minimas sociaux. Les gens qui croient le plus dans la générosité des minima sociaux sont ceux qui en connaissent le moins bien les montants: en 2018, le montant moyen des minima sociaux avec allocation logement pour un couple sans enfant équivaut en France à 39 % du revenu médian ; 46 % au Royaume-Uni ; 49 % en Allemagne ; 35 % en moyenne dans l’Union européenne et 36 % en moyenne dans l’OCDE[1].
Pour aller plus loin : idée fausse « Notre protection sociale coûte trop cher et est inefficace »
Dans aucun cas de figure on ne peut gagner plus au RSA qu’au Smic
En 2022, une personne seule sans enfant perçoit au titre du RSA 497,5 euros (sans compter l’aide au logement dont une partie est par ailleurs déduite du RSA) par mois. Le Smic s’élève à 1 269,45 euros net mensuels, un peu plus que le seuil de pauvreté. Ainsi, aujourd’hui, le RSA ne représente plus que 39% du SMIC, contre 49% à la création de son ancêtre le RMI.
Selon le panorama annuel 2021 de la Dress, le revenu disponible mensuel pour une personne seule au RSA est de 781 euros contre 1464 euros pour une personne seule au Smic.
Si l’on continue les comparaisons, les revenus disponibles d’une personne seule sans revenu d’activité avec trois enfants s’élèvent à 1848 euros contre 2608 euros pour une personnes ayant un revenu d’activité égal à un Smic avec trois enfants. Soit une différence de 832 euros de revenu disponible.
L’erreur que l’on commet souvent en pensant que l’on peut gagner plus au RSA qu’au Smic est de croire que seul celui qui bénéficie du RSA peut accéder à d’autres aides sociales. En réalité, bénéficiaires du RSA et travailleurs pauvres au Smic ont souvent accès aux mêmes aides, avec des montants réduits pour les seconds. A noter que toute autre aide, comme par exemple les allocations familiales, auxquelles toute famille a droit, entraîne mécaniquement une diminution du montant du RSA.
En définitive, quelle que soit sa situation familiale, une personne ne percevant pas de revenu d’activité à un niveau de vie inférieur à celui d’une personne travaillant au Smic à mi-temps, lui-même étant inférieur à celui d’une personne travaillant au Smic à temps plein. Les frais de garde d’enfants et les frais de transports peuvent toutefois venir réduire l’écart de revenu disponible entre un salarié au Smic et un bénéficiaire du RSA.
Les plus pauvres ne veulent pas travailler ? Là encore, c’est faux !
Fin décembre 2015 en France, 14 % des bénéficiaires de minima sociaux sont salariés (17 % si l’on intègre les travailleurs indépendants) et en 2016, 29,6 % du revenu disponible des 10 % les plus défavorisés sont des revenus d’activité, salariés ou indépendants [1]. En Europe, un quart à un tiers des personnes en âge de travailler qui vivent dans la pauvreté ont un emploi. Ce sont des « travailleurs pauvres » qui occupent des emplois précaires et leur nombre croît d’année en année.
Pour aller plus loin : idée fausse « Les pauvres ne veulent pas travailler »
[1] « Suffisance des prestations du Revenu minimum garanti », www.oecd.org/fr/els/prestations-et-salaires-statistiques.htm (consulté en août 2019).