La protection sociale est efficace pour toutes et tous. Et si son coût global est important, la lutte spécifique contre la pauvreté n’en représente qu’une infime partie.
La France est le pays d’Europe qui consacre le pourcentage le plus élevé de son PIB à la protection sociale, soit 32,2 % contre 27 % en moyenne dans l’Union européenne. Mais en terme de montant par habitant, elle passe derrière plusieurs pays, dont l’Allemagne ou le Danemark¹.
Globalement, le coût des prestations sociales ne représente que 18 % des dépenses du pays. Pas vraiment « un pognon de dingue ».
En 2022, ces prestations s’élèvent en moyenne à 12 550 euros annuels par habitant. Les postes les plus élevés sont liés aux retraites et à la santé. Viennent ensuite ceux de la famille, de l’emploi et enfin de la pauvreté, de l’exclusion et du logement¹.
En 2021, en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, la France se place en quatrième rang européen avec 500 euros PPA (exprimés en parité de pouvoir d’achat, et rapporté à la population) par habitant, derrière les Pays-Bas avec 700 euros par habitant, suivi par le Danemark (600 euros PPA) et de l’Italie (550 euros PPA)³.
La France est dans la moyenne européenne concernant les minimas sociaux.
En 2018, le montant moyen des minima sociaux avec allocation logement pour un couple sans enfant équivaut à 35% du revenu médian dans l’Union européenne. Il est de 39 % en France, contre 46 % au Royaume-Uni et 49 % en Allemagne⁴.
Sur les 25 des pays de l’ont mis en place un revenu minimum garanti, la France se classe là-encore dans la moyenne en ce qui concerne le montant alloué (12ème sur 25).
Oui, la protection sociale est efficace pour réduire la pauvreté !
Que l’on se préoccupe de l’efficacité des aides et plus généralement des politiques publiques de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale est tout à fait légitime. C’est la même question que se posent les familles très pauvres. Elles constatent que ce système ne leur permet pas de s’en sortir, elles en restent au niveau de la survie, et voient que malgré leurs efforts, leurs enfants une fois devenus adultes, ne s’en sortent pas mieux la plupart du temps.
En 2019 en France, les prestations sociales représentent 38 % du revenu des ménages les plus pauvres (13 % de minima sociaux, 11 % d’aides au logement, 10 % de prestations familiales et 3 % de prime d’activité)⁵. Une part non négligeable qui atténue fortement l’intensité de la pauvreté⁶, mais qui ne permet pas de franchir le seuil de pauvreté.
Or, si le système est perfectible, il est néanmoins loin d’être inefficace. C’est ce système de redistribution qui permet de voir le taux de pauvreté passer de 22,2 % à 14,6 % et qui contribue à réduire les inégalités en France⁷.
- La protection sociale en France et en Europe en 2022 – Résultats des comptes de la protection sociale. » Panoramas de la Drees, 2023.
- La protection sociale en France et en Europe en 2022 – Résultats des comptes de la protection sociale. » Panoramas de la Drees, 2023.
- DREES. Fiche 22 « Le risque pauvreté-exclusion sociale en Europe »
- « Suffisance des prestations du Revenu minimum garanti », Panorama de la société de l’OCDE, 2019.
- « La composition du revenu des ménages pauvres ou modestes », Minima sociaux et prestations sociales, Drees, 2020.
- L’indicateur « intensité de la pauvreté » montre à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté. L’intensité de la pauvreté est comprise entre 0 (niveau de vie égal au seuil de pauvreté) et 100 % (niveau de vie médian égal à 0). Plus l’indicateur d’intensité de la pauvreté est élevé, plus le niveau de vie des plus pauvres est éloigné du seuil de pauvreté.
- « Les effets des transferts sociaux et fiscaux sur la réduction de la pauvreté monétaire », Minima sociaux et prestations sociales, Drees, 2020.