Faux, sauf pour le tabac.
Les personnes en situation de précarité fument plus que la moyenne car le tabac est souvent utilisé pour faire face au stress et à l’anxiété¹. Ainsi l’augmentation du prix du tabac, pour lutter contre cette addiction, touche davantage les plus démunis. Cette politique devrait donc se doubler d’une gratuité d’accès aux traitements ou aux substituts nicotiniques. Or celui-ci est plafonné à 150 euros par an et par personne, une mesure insuffisante pour permettre à un fumeur quotidien en situation de pauvreté d’arrêter durablement.
L’alcool et les drogues, davantage consommé par les riches, mais plus dangereux pour les pauvres.
Selon Santé Publique France, ce sont les groupes favorisés (en termes de diplômes et de revenus) qui présentent la plus importante proportion d’adultes dépassant les repères de consommation d’alcool à moindre risque. Ainsi, en 2021, on notait un écart de la consommation important selon le niveau de diplôme : 24,9% des adultes diplômés du supérieur avaient dépassé les repères de consommation sans risque lors des sept derniers jours, alors que des adultes ayant un diplôme inférieur au baccalauréat, ou sans aucun diplôme, étaient 19,6% à avoir dépassé cette consommation². Par ailleurs, une étude à l’échelle mondiale tend à prouver que dans un même pays l’usage de drogues est plus élevée dans les couches les plus riches de la société³.
Cependant, les risques sanitaires liés aux addictions sont plus élevés chez les personnes en situation de précarité ou de pauvreté, qui ont une santé souvent dégradée et cumulent des difficultés d’accès aux soins et à la prévention.
Le vrai coupable, c’est le chômage, et quelle que soit la catégorie sociale.
C’est en effet le chômage qui fait lever le coude : comparée à la population générale, une personne sans emploi consomme plus d’alcool⁴. Un constat partagé par une étude menée en 2021 par des associations auprès de personnes privées d’emploi, qui notent que le chômage « favorise la dépression, l’anxiété et l’angoisse et contribue à l’émergence de pratiques addictives »⁵. Mais attention aux amalgames : le chômage touche toutes les catégories sociales, pas seulement les plus pauvres.
- Baromètre de Santé publique France, 2021.
- « Consommation d’alcool : part d’adultes dépassant les repères de consommation à moindre risque, Baromètre de Santé publique France, 2021.
- Rapport mondial sur les drogues, Rapport des Nations unies, 2020.
- Étude « Constances » menée depuis 2013 auprès de 200 000 personnes fréquentant les centres d’examens de santé (CES) de la Sécurité sociale.
- La santé au risque du chômage, Enquête inter-associative menée par Force Femmes, Territoires zéro chômeur de longue durée, La cravate solidaire et Solidarité Nouvelle face au Chômage, 2021.