Pendant cinq jours, les jeunes participant à la rencontre européenne ont échangé sur leurs vécus, leurs expériences et ont partagé leurs rêves et leurs espoirs. Voici leurs témoignages dans le deuxième volet de notre série en trois épisodes.
Ahvencia, 24 ans, Belgique
La précarité, c’est quelque chose qui me touche. La vie familiale n’a jamais été très correcte pour un enfant chez moi. J’aimerais lutter contre ça, ouvrir les yeux sur certaines choses. C’est ce qui m’a motivée à venir à ATD Quart Monde : voir qu’ici, l’enfant a une parole, est pris au sérieux. Pour une fois, je me suis sentie écoutée, en confiance, ça m’a permis d’évoluer. Ça me donne l’impression de faire quelque chose d’utile. C’est en aidant les autres qu’on peut s’aider soi-même et comprendre plus de choses sur l’humanité. J’aimerais que la voix de tous soit entendue, qu’on ne soit pas toujours obligé de taper plusieurs fois sur le clou pour que ça bouge. J’aimerais que l’avis des jeunes et des personnes qui vivent dans la précarité soit pris au sérieux. Le monde dans lequel on vit n’est pas idéal pour être heureux. Je sais que l’être humain, s’il a de l’argent, il s’en fout du reste. L’être humain est très bête, il n’est pas assez éveillé ou alors il ferme les yeux. À ATD Quart Monde, on est éveillé au monde qui nous entoure. J’aimerais que les gens soient aussi éveillés que les personnes qui sont ici.
Jessy, 30 ans, Nancy
Avec ATD Quart Monde, on peut prendre la parole, être écouté, sans être jugé, c’est ce qui me marque le plus. Ça permet d’être à l’aise. J’ai déjà fait plusieurs chantiers jeunes, des rassemblements européens et même une rencontre avec le secrétaire général de l’ONU. Cela m’a permis d’avoir une autre vision de ma propre vie, de découvrir de nouvelles choses. Quand on est jeune, on ne sait pas trop ce qu’on veut faire dans la vie. je vivais au jour le jour, j’étais pas du genre à me poser trop de questions sur l’avenir. ATD Quart Monde m’a permis de m’ouvrir un peu l’esprit, de penser la vie autrement.
Je viens d’un quartier qui connaît la violence, la drogue… Mais dans ce quartier, on est aussi solidaire entre nous et on va au-delà des apparences, de nos origines, de nos croyances… C’était naturel. J’ai retrouvé cette solidarité au sein d’ATD Quart Monde. Ici, on voit qu’on a tous les mêmes soucis même si on vient de pays différents. On entend toujours quelqu’un qui a quasiment le même vécu que nous, même s’il vit en Espagne ou en Pologne. C’est bien, parce qu’on se rend compte qu’on n’est pas tout seul et que c’est important d’écouter les autres.
Moi, j’aimerais vivre dans une société dans laquelle on nous écoute et que les politiques pensent avant tout à l’humain, avant de penser aux règles. Il ne faut pas faire des règles qui s’appliquent à tout le monde. J’aimerais que tout le monde se batte comme il peut, dans le respect des autres.
Noémie, 27 ans, Allemagne
Il y a un combat social et environnemental à mener. Les deux vont nécessairement de pairs, on ne peut les dissocier. Si on néglige l’environnement, à court terme, la population la plus pauvre sera celle qui en pâtira le plus. À mon échelle individuelle, j’essaye d’agir. J’aimerais plus m’engager dans des associations, mais j’habite actuellement en Allemagne et je suis française, donc ce n’est pas forcément simple.
Je trouve ça bien qu’on soit tous ensemble ici, avec des classes sociales différentes, mais une vraie écoute entre nous. On entend souvent que les personnes vivant dans la pauvreté sont focalisés sur leur combat pour sortir de la pauvreté. En réalité, ils sont aussi sensibilisées aux questions environnementales, aux droits des femmes… Ce ne sont pas des combats qui s’opposent, mais qui touchent bien toute la société et il est important que toute la population soit inclue dans ces débats.
Arnaud, 28 ans, Val-d’Oise
J’aimerais qu’on arrive à construire une société où tout le monde aurait un travail intéressant, dans des conditions acceptables. Je pense que c’est possible. J’aimerais qu’on fasse les choses moins par obligation, mais parce qu’on en a envie et que tout le monde trouve une place satisfaisante dans la société. Aujourd’hui quand on est jeune, on a peur de ne pas avoir de travail, dans une société où la productivité prime pour avoir des richesses. Le regard jugeant de la société n’améliore pas cette situation. On pourrait juste considérer les gens dans leur dignité d’être humain et non sur leur travail, leur productivité, leur richesse… Il faudrait plus de personnes dans ATD Quart Monde car, pour l’instant, ça ne suffit pas pour faire changer la société.
Béatrice, 27 ans, Dampierre
Pendant cette rencontre, on fait de nouvelles rencontres, on voit autre chose. C’est bien, parce qu’à la maison, on voit toujours les mêmes choses. Ma rencontre avec ATD Quart Monde m’a changée. Je suis plus libre maintenant. Avant, j’étais seulement “la grande sœur qui s’occupe des autres”. Maintenant, même le regard de ma famille sur moi a changé. Je suis plus heureuse.
Pour la société, je pense qu’il faudrait plus de travail pour les jeunes et que ce soit plus facile de passer le permis de conduire.
Valentine, 22 ans, Belgique
Je suis venue à la rencontre européenne, parce qu’on m’a dit : “les jeunes vont être écoutés”. Moi, je suis jeune, j’aime bien être écoutée et j’ai envie que la société change. j’aime bien le fait d’être mélangés avec d’autres nationalités, c’est assez sympathique, tout est fluide, même si on ne parle pas tous la même langue.
J’ai envie de faire partie de ce Mouvement, parce que je vois que, déjà pour nous aujourd’hui, c’est dur, alors pour nos enfants et nos arrières-petits-enfants, ça va être plus compliqué. Donc si on pouvait changer maintenant pour que plus tard ils aient peut-être moins de choses à faire, ce serait cool. Pour moi, il faut surtout agir pour éviter la famine. Quand je vois qu’on jette des tonnes de nourriture dans les magasins et que, dans d’autres pays, ils ne peuvent pas cultiver des légumes parce que leurs terres sont trop sèches, je me dis que ce serait bien de changer cela. Ces derniers temps, on a beaucoup parlé du Covid, mais la famine, ça tue autant de personnes. Donc ce serait bien que ça s’arrête.
Photos : © Carmen Martos et Julie Clair-Robelet