Action d’ATD Quart Monde dans plus de 20 pays, Tapori réunit des enfants de cultures et de milieux sociaux différents, qui agissent dans leur environnement pour un monde plus juste, en inventant une manière de vivre qui ne laisse personne de côté.
Depuis 50 ans, une “communauté Tapori” s’est constituée un peu partout dans le monde et de nombreux adultes engagés avec ATD Quart Monde sont fiers d’avoir été des “enfants Tapori”. Cette action a évolué ces dernières années pour s’adapter aux évolutions du monde et du Mouvement. “L’amitié est au cœur de la mobilisation, mais on ne veut pas s’arrêter là. Nous voulons favoriser la connaissance, faire émerger le savoir sur ce que vivent les enfants”, explique Caroline Moreau, membre de l’équipe Tapori international. Le changement s’est fait petit à petit, à partir de 2021, avec une première campagne consacrée à “la recherche de nos trésors humains”, puis une deuxième intitulée “les enfants Tapori acteurs de changement”.
Des outils pour favoriser la connaissance
Cet accent mis sur la connaissance a rendu nécessaire une formation des animateurs et animatrices des groupes Tapori, afin qu’ils soient en capacité d’accompagner les enfants dans l’élaboration de leurs réflexions. Les Lettres de Tapori, composées d’une histoire et d’une activité et envoyées tous les deux mois, sont ainsi désormais accompagnées d’un rendez-vous de 3h30 en visioconférence. Une session de formation a également été organisée à Méry-sur-Oise en mai dernier et a réuni plus de quarante animateurs et animatrices du monde entier. “Cela demande une vraie exigence et une méthodologie pour parvenir à une connaissance qui nourrisse le Mouvement localement d’abord, puis au niveau international. Nous leur proposons des outils d’animation, pour comprendre les étapes de construction de la connaissance, mais aussi pour soutenir l’engagement des enfants”, détaille Virginie Charvon, membre de l’équipe Tapori international.
Venus de France, de Côte d’Ivoire, des États-Unis, du Pérou ou encore de Suisse, les animateurs et animatrices ont pu échanger entre eux sur leurs réalités, souvent très différentes d’un groupe Tapori à l’autre. Certains accueillent, par exemple, une centaine d’enfants une fois par mois dans des quartiers extrêmement pauvres, tandis que d’autres réunissent toutes les semaines, dans des écoles, une dizaine de participants n’ayant pas forcément l’expérience de la pauvreté. Mais tous ont pour but de permettre aux enfants de mettre des mots sur leurs expériences de façon individuelle puis collective, d’agir ensemble, de regarder autrement leur environnement et de s’engager.
Des rencontres sont également organisées entre les groupes. Ainsi, en mai 2022, des “enfants Tapori” de Bordeaux, Noisy-le-Grand, Madrid en Espagne et Rorschach en Suisse se sont retrouvés pendant trois jours à Méry-sur-Oise, et des enfants de Noisy-le-Grand sont allés à Madrid en août dernier. “L’amitié, ce n’est pas magique, ça ne peut pas tout régler. Mais, s’il n’y a pas d’amitié, il n’y aura peut-être pas de suite, alors les liens sont primordiaux. Et si on prend au sérieux les enfants, ils peuvent changer les choses à leur niveau”, conclut Caroline Moreau.
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de septembre 2023.
Photo : Le groupe Tapori à Haïti. © Mogène Alionat