Alliée d’ATD Quart Monde depuis 1978 en Lorraine, Elda estime que le socle de son engagement est “la connaissance des familles, leur soif de savoir”.
Quand on demande à Elda de raconter comment et pourquoi elle a adhéré à ATD Quart Monde, elle commence par se situer dans le quartier très défavorisé où elle était infirmière scolaire. Elle travaillait avec une équipe qui se connaissait et s’entendait très bien.
Quand la psychologue leur a annoncé qu’elle allait mettre en route une Bibliothèque de rue, Elda a dit tout de suite “Je te suis”. C’était en juillet 1978. Comme infirmière, elle découvrait la grande pauvreté, source pour elle de l’échec scolaire, et a grandi en elle une révolte, “qui n’a pas cessé d’augmenter”.
Atelier santé
Dès 1979, le groupe qui s’étoffait a préparé une rencontre internationale d’ATD Quart Monde et dix enfants qui fréquentaient régulièrement la Bibliothèque de rue sont allés à Paris. D’après Elda, les alliées qui travaillaient dans le quartier pouvaient le faire parce qu’elles se connaissaient bien et connaissaient bien les familles qui leur faisaient entièrement confiance. Un autre rassemblement lui revient en mémoire, celui de 1982 à Bruxelles. Là, ce sont douze familles qui ont pris la parole pour les plus défavorisés. En tant qu’infirmière, Elda voyait bien qu’elle ne touchait pas tous les écoliers pendant les séances d’éducation sanitaire, aussi a-t-elle créé un “atelier santé”.
Les jeunes de CM1-CM2 ont construit des outils d’information. Ils ont obtenu le deuxième prix de la Promotion de la Santé lors d’une présentation à l’échelon national. Encouragée par cette première expérience, un comité local de promotion de la santé, réunissant autour d’ATD Quart Monde différents acteurs de terrain, a vu le jour. Trois groupes de jeunes et de mamans ont réfléchi sur le développement de l’enfant, la connaissance du corps, la grossesse et l’accouchement. Il ne s’agissait pas d’asséner des informations d’experts, mais au contraire de partir des connaissances des personnes et, reconnaît Elda, “ils en avaient des connaissances”.
En 1983, le père Joseph vient faire une conférence à l’hôtel de ville de Metz. Cela leur a permis d’avoir de nouvelles recrues. Elda évoque encore les regroupements autour de la santé avec l’équipe de Nancy pour préparer le forum santé de 1985, les journées du 17 octobre qu’elle a toujours préparées avec d’autres associations et les journées familiales.
Relation de confiance
En 2008, la délégation nationale lui demande de créer une équipe régionale avec, pour première mission, d’organiser les Universités populaires Quart Monde de Lorraine, qui débuteront en 2009. En 2011, les délégués nationaux lui proposent de participer au bureau d’orientation. Elle doit aller une fois par mois à Paris, étudier des dossiers et préparer des interventions. “C’était un travail fou, mais il m’a permis de me rendre compte de la gouvernance du Mouvement : pas de grande décision sans prendre l’avis du plus grand nombre et, ce qui est important dans ce Mouvement, c’est qu’il fait entièrement confiance. Quand il nous confie une mission, c’est la relation de confiance qui prévaut. La gouvernance s’appuie sur tous, militants Quart Monde et alliés.”
Elle explique aussi : “ce mouvement ATD Quart Monde est toujours en marche, parfois on est littéralement bousculé“. Bousculée, elle l’a été dès le départ et dans son organisation personnelle. Rien ne se serait fait sans l’aide de Marcel, son mari. Au moment de la création de la Bibliothèque de rue, les rencontres avaient lieu le mercredi et le samedi. Le mercredi, le couple engage quelqu’un qui a besoin de travailler et le samedi c’est Marcel qui garde les enfants. C’est Marcel qui est devenu trésorier, c’est Marcel qui s’occupait des courriers et des dossiers, c’est lui qui s’occupait de la logistique, c’est encore lui qui s’est occupé de l’informatique quand il a fallu s’en servir.
Dans son engagement, ce qui a toujours enthousiasmé Elda “c’est que l’on fait avec les gens, c’est que le Mouvement est toujours en marche perpétuelle pour faire bouger les choses, c’est qu’il y a des allers-retours entre les lieux de décisions et c’est la prise en compte des alliés et des militants Quart Monde. Le Mouvement est passé des dénonciations de la misère pour, petit à petit, s’appuyer sur les Droits Humains. Ce qui m’a fait tenir, ajoute-t-elle, c’est la connaissance des familles, c’est leur soif de savoir qui constitue le socle de mon engagement”.
Aujourd’hui les gens, remarque-t-elle, “viennent pour une action, puis partent vers d’autres associations. Ils hésitent à prendre des responsabilités. C’est vrai que le Mouvement est exigeant, c’est pourquoi, dans les équipes locales et régionales, il faut que nous soyons ensemble pour rester fidèles aux raisons pour lesquelles nous nous sommes engagés.” D’après elle, il faut garder notre force d’indignation, avoir un regard positif et bienveillant et faire confiance. Quand elle aura terminé d’archiver les documents messins, Elda va se reposer… Propos recueillis par Rollande Laureau-Laplac
Ce portrait est issu de La newsletter de Nancy. Pour la recevoir par mail et accéder à toutes les informations et actualités du groupe local, n’hésitez pas à contacter ses auteurs : newsletter.atdqm54@gmail.com
Photo : Elda. © M. Flandrois