Depuis le début du confinement, l’atelier d’écriture organisé par ATD Quart Monde à Brest s’est réinventé pour permettre à chacun de continuer à écrire et mettre des mots sur cette période particulière.
Depuis trois ans, chaque vendredi matin, l’atelier « lirecrire numérique », se tient dans le local du groupe de Brest à la Maison des associations. Autour de la table, au coude à coude, de trois à six militant.es et trois à quatre allié.es. Un vendredi sur deux un allié, journaliste en retraite, cherche le consensus sur un sujet d’écriture, l’autre vendredi une alliée, ancienne enseignante engagée auprès des élèves et collégiens décrocheurs, aide à apprivoiser la culture numérique. Les compétences du groupe se croisent et s’enrichissent.
Depuis la mi-mars, ce coude à coude du vendredi n’est plus possible. Mais il fallait que continue et se développe ce qui a été vécu dans la confiance et la convivialité. Jusqu’ici, les sujets d’actualité n’avaient pas manqué, ce qui a donné des lettres à « Cher gilet jaune » ou « Chère Greta », des textes sur le courage… Mais à la mi-mars, le sujet s’impose : le confinement. Alors, va pour la création du « Journal des confiné.es » ! Il rassemblera, semaine après semaine, les textes des participants de l’atelier. L’occasion d’inventer une nouvelle façon de faire ensemble, de pratiquer les mails, un fichier collaboratif et pour certains même la mise en ligne de propositions sur le site.
Des dizaines de textes sont à lire sur www.atd-lirecrire.infini.fr. Ils disent les difficultés, les inquiétudes, le temps suspendu, la solidarité, le plaisir, l’espoir…
Les difficultés : « Les devoirs sont arrivés par internet… Bonne question : comment on fait quand on n’a plus de cartouche d’encre ; et moi j’ai pas le niveau ? Ah bon, on va essayer comme on peut. Vu le planning il fallait faire le formateur de l’école, hou la la ! »
Les inquiétudes : « Va-t-on avoir quelque chose le mois prochain ? En plus, les papiers de sortie et les lois qui changent toutes les cinq minutes ! On est perdus, comment ne pas avoir l’angoisse dans une famille ».
Le temps suspendu: « Mon esprit vagabonde, je ferme mon livre. Je suis juste bien là à regarder le ciel, à écouter le silence »
La solidarité : « Je travaille toujours quelques heures dans la semaine pour des repas d’un monsieur invalide isolé, à côté de la maison. J’y vais la boule au ventre, mais il faut aller de l’avant ! »
Le plaisir : « Ce matin avec ma fille, nous avons collé des fleurs sur la fenêtre. C’était le défi proposé par la maîtresse. On a choisi des belles couleurs vives. On s’est bien amusées. »
L’espoir : « Le jour d’après, on réduira les vraies distanciations sociales et économiques, l’injustice… et on s’embrassera sans barrière ! »
La parole partagée soigne et parfois sauve. À Brest c’est visible, sur toute la ligne, car ce blog a enregistré près de 30 000 visites en trois ans.
Et ce n’est que la face émergée de tout le travail d’accompagnement mené, plus intensément encore ces dernières semaines, auprès de la trentaine de familles liées au Mouvement. Patrick la Prairie
Pour témoigner et nous raconter comment vous vivez cette période de confinement, n’hésitez pas à réagir à nos publications sur les réseaux sociaux ou à nous contacter par mail à : solidarites.coronavirus@atd-quartmonde.org
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de mai 2020.
Photo : Atelier d’écriture de Brest, avant le confinement. © BY/SA/NC