La chronique de Bella Lehmann-Berdugo
En attendant la réouverture des salles de cinéma, voici quelques films qui doivent être reprogrammés à partir du 15 décembre, mais aussi des propositions de DVD ou VOD pour tous les âges.
Il mio corpo
Michele Pennetta. Fiction Italie. 1h33. VOST.30 décembre 2020
Deux vies explorées en parallèle : Oscar, adolescent sicilien morose, piégé dans sa condition, récupère de la ferraille avec son père, chef de famille pauvre. Stanley, Nigérian, travailleur précaire, en lien avec le monde comme il va, dans un pays lumineux. D’authentiques personnes deviennent ici héros de leur propre histoire. Sans discours inutiles, tout ce qu’on aime.
Basta capital
Pierre Zeliner. Fiction. France. 1h35. Programmé à l’origine en novembre en salle, ce film sort finalement sur plusieurs plateformes VOD. Disponible depuis fin novembre.
Des activistes kidnappent de grands patrons français pour obliger le président de la République à mettre en place des mesures anticapitalistes. De belles séquences : le discours du président et les chômeurs dirigeant les captifs. Des lourdeurs, des longueurs mais une invitation à la discussion pour inventer des solutions.
Sous les étoiles de Paris
Claus Drexel. Fiction. France. 1h26. 15 décembre
Une « clocharde » (un peu à la façon d’une image d’Épinal) misanthrope, prend sous son aile un enfant africain, perdu, sans papiers. À la recherche de la mère, petit à petit sans parler la même langue, ils s’apprivoisent, elle s’épanouit. Des personnages secondaires très justes. Dans des décors tantôt réalistes tantôt poétiques, une héroïne théâtrale, magnifiée, lunaire, surprenante parfois. Des allures de conte, pour faire reculer peut-être les idées reçues sur les gens à la rue.
Sans signe particulier
Fernanda Valadez. Fiction. Mexique. 1h58. VOST. Prix du scénario et prix du public au festival Sundance 2020. 15 décembre.
Le périple d’une mère à la recherche de son fils adolescent, parti aux les États-Unis pour trouver du travail. Aux abords de la frontière, Madgalena croise un jeune qui fait le chemin inverse vers son ancien village, expulsé du territoire américain. Ils font route ensemble, êtres seuls et perdus dans une région fantôme abandonnée aux gangs. Ils découvrent une réalité violente où pour échapper aux massacres parfois des victimes deviennent bourreaux. Les liens d’affection entre les deux personnages, une femme courageuse et tenace, un jeune homme démuni, nous attachent au récit. Les paysages brumeux désolés (très belle photo), la progression vers la peur, les visages, les silences, les cadrages sont empreints d’une grande sensibilité.
Le Voleur de bicyclette
Vittorio de Sica. Fiction. Italie. 1948. 1h29. VOST.
À Rome, Antonio Ricci trouve enfin un emploi de colleur d’affiches, mais il lui faut une bicyclette. Hélas, elle lui est volée. Avec son fils, Bruno, ils tentent de retrouver le voleur. Désespéré, Antonio devient voleur de bicyclette à son tour. Joué par des non professionnels, le récit se déploie à travers les yeux de l’enfant : la tendresse envers son père, son regard sur le monde. Un grand classique en noir et blanc à découvrir en famille.
Le chien, le général et les oiseaux
Francis Nielsen. Animation. France. 2003. 1h25.
Un vieux général russe a sacrifié autrefois des oiseaux pour brûler Moscou et sauver son pays envahi par Napoléon. Il ne trouve pas le repos. Sa rencontre avec un chien extraordinaire, Bonaparte, va changer la donne. L’histoire entrelace retours en arrière, rêves et peinture d’une Russie traditionnelle, enneigée à souhait. Un récit poétique, une animation à contre-courant des codes habituels. Quelques scènes impressionnantes.
La vie scolaire
Grand Corps Malade. Fiction. 2020. France. 1h50.
Chronique d’un collège dans le 93 : une CPE engagée, des élèves jouant leur propre rôle et qui semblent y trouver grand plaisir, des professeurs impliqués, des parents concernés. Un regard anti-clichés et sans angélisme. Ne manquez pas le générique de fin.
Comment j’ai rencontré mon père
Fiction. Maxime Motte. France. 2017. 1h35.
À Dunkerque, il était une fois Enguerrand, petit garçon africain choyé par Ava et Eliott, ses parents adoptifs. Une nuit, Kwabena, réfugié du Ghana, débarque. La famille se mobilise autour de ce monsieur venu d’ailleurs. Fantaisie joyeuse et réalités édulcorées, ce n’est pas bien grave pour une fois.
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