Dans le Nord, les membres d’ATD Quart Monde sont invités à participer à des ateliers de sensibilisation à la communication non violente, pour apprendre à mieux s’écouter, mais aussi à désamorcer les conflits.
Dans la grande salle de la Maison Quart Monde de Lille, de drôles d’objets sont posés sur le sol. On peut notamment voir une tortue, “qui invite à ralentir”, et un serre-tête avec deux oreilles de girafe, “pour élargir notre vision et s’exprimer à cœur ouvert”, explique Béatrice Ray. Depuis 2018, elle propose des ateliers de sensibilisation à la communication non violente aux membres d’ATD Quart Monde, dans le Nord. Treize participants ont assisté à l’un de ces ateliers, le 15 avril dernier, sur le thème de la culpabilité. “Ici, il ne faut pas être fort ou faible. Nous apprenons à reconnaître nos limites et à prendre soin de nous. On est en chemin et on essaye de se déconditionner. Me sentir fautive parce que j’ai fait un truc mal, c’est non. On dépose cette situation-là, parce qu’on n’en veut plus”, explique l’animatrice.
Pendant toute la journée, elle invite chacun à identifier le mécanisme de culpabilité, pour “transformer ce sentiment désagréable et apprendre à différencier ce qui nous vient de l’extérieur, de l’éducation, de la société, et ce qu’on en fait, nous”. L’objectif de ces ateliers est de “permettre des prises de conscience, mais aussi de créer des liens. C’est une manière de se ressourcer et de trouver les forces de continuer, malgré ce que l’on vit. Notre intention est de réussir à être mieux avec soi-même et avec les autres”, explique Anne-France, salariée d’ATD Quart Monde, qui a lancé cette démarche il y a cinq ans. La communication non violente peut également « aider les membres des groupes locaux à mieux désamorcer les conflits, ne pas attendre que cela aille plus loin », poursuit-elle.
Des binômes d’empathie
Militante Quart Monde, Fatiha a déjà participé à plusieurs ateliers et a constaté leurs bienfaits. “Cela permet de sortir ce que j’avais à l’intérieur, de me dire que je ne sers pas à rien. Je vois que je fais ce que je peux et je me sens moins coupable de ne pas pouvoir aider davantage autour de moi”, affirme-t-elle. Geneviève, alliée, a pour sa part appris à “mieux décrypter [ses] réactions, à ne pas se sentir toujours agressée, mais à comprendre l’autre, à dédramatiser”.
L’entraide est également au cœur de ces séances, notamment avec la constitution de “binômes d’empathie”, qui peuvent se poursuivre au-delà de l’atelier. “Nous voulons faire vivre ce que nous apprenons ici de manière pratique en proposant à des participants de se soutenir en s’écoutant”, souligne Anne-France. Pendant les exercices proposés, Béatrice Ray guide ainsi deux participantes à trouver les mots : “quand je vois que je tombe dans ma culpabilité, est-ce que tu peux me rappeler que je peux avoir confiance en moi ?”. Tous se sentent “allégés” à la fin de la journée, mais ils savent que c’est “le travail de toute une vie d’être plus relié à soi-même et aux autres et de vivre avec le cœur ouvert”, conclut Anne-France.
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de juillet-août 2023.
Photo : Atelier de Communication non violente le 15 avril à la Maison Quart Monde de Lille. © ATD Quart Monde