Allié d’ATD Quart Monde, Henri Dubois a été invité le 16 juin à participer à la Commission spécialisée prévention de l’Agence régionale de santé d’Occitanie, dans le cadre du “Ségur de la santé”. En se basant sur les témoignages des militants Quart Monde, il a pu faire part des propositions d’ATD Quart Monde.
Le Premier ministre a lancé le 25 mai une grande consultation visant à améliorer les conditions de travail des personnels soignants et la prise en charge des malades. Intitulée « Ségur de la santé”, du nom de l’avenue du ministère de la Santé à Paris, cette concertation doit permettre de “tirer collectivement les enseignements” de la crise du Covid-19. Dans ce cadre, ATD Quart Monde a été invité le 16 juin à faire part de son expérience partagée avec les personnes vivant ou ayant vécu dans la grande pauvreté et à présenter ses propositions devant la Commission spécialisée prévention de l’Agence régionale de santé d’Occitanie.
Allié du Mouvement, Henri Dubois a souhaité tout d’abord rappelé que la condition de l’adhésion des personnes vivant dans la grande pauvreté aux messages de prévention en matière de santé « est qu’elles soient associés dès le début de leur conception”.
Peurs et incompréhensions face à la pandémie
Il a ensuite cité les peurs et les incompréhensions des membres du Laboratoire d’idées santé d’ATD Quart Monde face à la pandémie. Des nombreuses personnes en grande pauvreté sont en effet en mauvaise santé et ont subi l’arrêt des traitements pour les soins de longue durée et les rééducations, ou le report d’opérations jugées pourtant nécessaires. Certaines ont dû faire face à des refus de soins. « Un médecin a refusé de recevoir un bénéficiaire de la Complémentaire santé solidaire du fait qu’il n’habitait pas le même département », a témoigné un membre du Laboratoire d’idée. Un autre a constaté « l’exemple préoccupant de demandeurs d’asile qui ont été déboutés, mais n’ont pas eu le temps de finaliser leurs démarches pour demander l’Aide médicale de l’État ». Plusieurs militants Quart Monde ont ainsi eu peur « de se retrouver sans aucune couverture santé ».
Henri Dubois a également rapporté, devant les membres de l’ARS, l’angoisse des parents d’enfants placés habituellement suivis et encadrés par des psychologues ou bénéficiant de soins, qui se sont souvent arrêtés avec le confinement. « Pourquoi les familles divorcées peuvent avoir les enfants en garde alternée et nous, les parents d’enfants placés, on ne peut pas voir les enfants et les accueillir ? », s’interrogeait ainsi l’un d’eux.
Se nourrir a également été souvent difficile pour les plus pauvres.La fermeture dans certaines régions des épiceries solidaires et des distributions alimentaires ont posé de nombreux problèmes. « Comment les gens vont manger, pour ceux qui n’ont pas de stock et pas d’épicerie solidaire et pas de distribution », se demandait un militant Quart Monde.
Des propositions concrètes
Henri Dubois a enfin présenté des propositions d’ATD Quart Monde, « fruit de l’expression directe des personnes qu’on n’entend pas habituellement, alors qu’elles sont bien les seules à avoir une expertise sur ce qu’elles vivent ». Il est ainsi nécessaire de « s’assurer que la population est bien couverte par un dispositif d’action sociale de proximité et que les dispositifs sociaux ne s’arrêtent pas juste au moment où, dans une crise comme cela, ils devraient être sur le pont et actifs ». Il faut en outre « veiller à ce que tous aient à manger », à ce que la Complémentaire santé solidaire « ait un volet prévoyance pour enterrer dignement les morts » et à ce que chacun dispose des technologies de la communication.
«Donner un habitat digne et individuel aux personnes vulnérables atteintes et donner les moyens de la désinfection des lieux de vie » est également primordial, tout comme « favoriser le retour au jardinage en permettant aux personnes fragiles de cultiver et de préparer ses légumes et ses conserves ». Henri Dubois a enfin préconisé de « favoriser l’accès à la terre nourricière et aux dynamiques communes enclenchées et répertoriées par le réseau Agriculture urbaine et précarité, développé par ATD Quart Monde, Agro Paritech et l’INRA, et de développer une des règles communes d’utilisation et d’accès à ces terres nourricières ».
Les conclusions du “Ségur de la santé” sont attendues pour la mi-juillet. ATD Quart Monde affirme que “cette revendication de la participation des plus pauvres n’est pas un souhait de principe, ni la ‘revendication’ d’une figuration, et qu’elle se fonde sur une véritable expertise et des compétences”, a conclu Henri Dubois.