Quoi de commun entre Sidoine, Joseph, Valdo, Anne, Sylvie ? Certains ont vécu des épreuves traumatisantes pour quitter la misère de l’Afrique, une maman sous protection judiciaire élève seule ses trois jeunes enfants, une autre maman solo achève un parcours épuisant avec la MDPH pour son “enfant normal avec un handicap”, certains ont choisi de s’engager professionnellement avec eux, d’autres de s’embarquer “pour faire des choses ensemble” !
Tous tricotent en confiance des liens d’humanité, convaincus par l’expérience partagée qu’on peut ainsi faire cesser les peurs, dépasser les préjugés, saisir les opportunités, se rejoindre en débusquant les dimensions les plus cachées des pauvretés, s’ouvrir aux rencontres et construire de solides liens de sociabilité et de solidarité : “On ne me croit pas capable d’élever mes enfants car je suis sans salaire mais je ne suis pas sans ressources ! Mon interlocuteur veut prendre de l’ascendant sur moi avec des propos hautains et surplombants, je me sens déconsidérée et mes enfants aussi ! J’ai décidé de me forcer à croire qu’il y a plein de gens prêts concrètement à nous aider, à qui il faut dire où ça blesse”.
“Je me sentais dénigrée jusqu’à ce qu’un lien de confiance existe avec une personne rencontrée dans un groupe de pairs où la parentalité ne se subit pas, elle se vit. Avec l’empathie et surtout le non-jugement, nous avons créé une dynamique pour impliquer chacun dans la construction de ses réponses ; ça m’a permis d’accepter le regard des autres sur mon enfant ». « Ma Chance dit Sidoine1, c’est d’avoir trouvé des personnes disponibles pour moi. Ils sont toujours là, c’est important toutes ces bonnes ressources pour avancer dans la vie !”
“Scolarisé à 16 ans, les animaux, la nature je connaissais bien mais je n’ai pas pu passer mon CAP agricole- tous les autres savaient conduire le tracteur – on n’a jamais trouvé quelqu’un pour m’apprendre à moi”. “Professionnel dans le travail social, tu éprouves vite les limites des dispositifs « pensés pour » mais les gens n’entrent pas « dans le moule ! On gère l’individu et non l’ensemble de la personne qui ne se révèlera qu’à travers sa relation aux autres.” “Notre action, je la pense en « coopération d’acteurs » professionnels, bénévoles engagés, élus, personnes concernées dans la diversité sinon « les choses sont tronquées”. Ce à quoi on tient : sortir des cercles convenus, imaginer des choses simples, des stratégies agiles pour favoriser des liens porteurs et durables. Anne, Bénédicte, François, Lise-Marie Pôle innovation – UNAPP Union Nationale des Acteurs de Parrainage de Proximité
Cet article a été publié à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre.
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