Le réseau Wresinski Numérique et grande pauvreté est né en 2022. Il a pour vocation de rassembler des membres d’ATD Quart Monde, alliés, militants Quart Monde, volontaires permanents, avec des professionnels, des chercheurs, des institutionnels, des membres d’associations… Objectif : faire que la numérisation de la société soit une promesse d’amélioration de la vie de toutes et tous, et non une énième source d’exclusion pour les plus pauvres.
Malgré les empêchements des uns et des autres, et malheureusement des annulations de dernière minute dues aux grèves de transport, ils étaient 25 à Lyon le 1er avril 2023. Ils sont venus de Bourg-Saint-Maurice, Bourges, Brest, Briançon , Caen, Grenoble, l’Hay les Roses, Lyon, Montreuil, Nantes, Paris, Rennes.
S’appuyer sur l’existant
Après un rapide tour de table, les participants ont exprimé leurs attentes via des post-it. Cela a permis de les organiser en cinq grandes familles :
• créer un réseau pour unir nos forces,
• écouter, travailler avec des personnes de tout horizon,
• lutter pour avoir un numérique non discriminant et libérateur,
• partager des méthodologies, supports, pédagogies,
• porter ensemble des propositions et revendications.
Le tout en s’appuyant sur l’expérience et la pensée des plus pauvres et des plus éloignés du numérique.
Les initiatives de Lyon et Brest
La matinée s’est poursuivie à partir de deux actions particulières en termes de médiation numérique. Un militant Quart Monde, Pascal, et deux alliées, Dany et Pascale, ont d’abord présenté la formation mise en place depuis un an à Lyon. Celle-ci porte sur le numérique et l’accès aux droits, à raison d’une journée par quinzaine. Le but est de comprendre en quoi le numérique peut être un frein aux droits, puis d’être capable de l’expliquer à des élus ou responsables d’outils numériques. Et bien sûr on apprend de facto à utiliser le numérique en faisant un compte-rendu, en créant une affiche ou un tract, en envoyant un mail d’invitation…
Ces dernières semaines de formation, l’équipe a interviewé des usagers de la CAF, de l’assurance maladie… devant les bureaux concernés. Ils recherchaient des personnes ayant subi des ruptures de droit en lien avec le numérique. Le groupe a également rencontré à la mairie de Villeurbanne l’adjoint pour le numérique. Il leur a affirmé sa volonté de lutter contre le tout numérique dans les services administratifs, et veut continuer à travailler avec nous.
Pascal a affirmé que, pour lui, le numérique avançait “trop vite”. Il a également souligné sa volonté d’avoir un ordinateur chez lui pour “continuer à apprendre” ce qu’il a appris avec ATD Quart Monde. Il a précisé : “c’est dur d’être seul face au numérique. Être 2 ou 3 personnes pour apprendre, c’est mieux“.
Le groupe de Brest était représenté par deux militantes Quart Monde, Gwendoline et Sandrine, et une alliée, Monique. Elles ont projeté et commenté leur film, tout neuf. Vingt minutes pour découvrir l’atelier Lirecrire et numérique et le PAPI (Point d’Accès Public Internet), des espaces où le groupe invente une médiation numérique collective…
Pour Sandrine, venir au point PAPI a ouvert des horizons et lui a montré qu’elle était capable de faire des choses. “Ce n’est pas parce qu’on vient du milieu de la précarité qu’on ne sait rien faire. On sait faire des choses et on a besoin de le dire. Ici, on fait tout tout seul, on en ressort grandi”, a-t-elle expliqué.
Pour l’atelier Lirecrire et numérique, Gwendoline a insisté sur le fait qu’être publié, cela permet d’être entendu. “On parle de tout, même de choses un peu taboues. Les gens se font pas mal de fausses idées sur la pauvreté. Ce n’est pas parce qu’on a des difficultés financières que l’on n’est pas capable de penser et de parler. Être publié cela permet de pouvoir élargir le regard des gens et qu’ils puissent voir autrement…”
Programmer l’action à venir
L’après-midi, il s’agissait de programmer l’action du réseau Wresinski Numérique et grande pauvreté, à partir des quatre ateliers, préparés en amont par plusieurs réunions en visioconférence :
• le droit à la connexion(câblage internet, matériel, tarif),
• le droit à maîtriser le numérique (médiation, soutien…),
• le droit à des sites et applications dignes (conception, test, évaluation… des interfaces),
• l’importance du travail de veille (suivre l’actualité technique et politique du numérique).
Pendant l’évaluation à chaud en fin de journée, ou dans les jours qui ont suivi, les participants ont été unanimes : c’était “une super rencontre“.
Denis, allié de Bourges et professionnel de la médiation numérique, l’a résumé ainsi : “Ce fut une belle journée dans l’esprit d’ATD Quart Monde, qui permet à chacun de faire porter sa voix sur des sujets déterminants. L’opportunité de relier des mondes : ceux qui élaborent les technologies et ceux qui les subissent au quotidien : car il s’agit bien dans ce réseau Wresinski de rééquilibrer le jeu. Les pratiques doivent retrouver un sens pour des usagers qui sont en demande d’éthique“.
Individuellement et collectivement, chacun et chacune est reparti avec des forces et des idées pour bâtir une société du 21ième siècle. Une société où le numérique est un outil contre la pauvreté et l’exclusion, un numérique digne, outil de partage de savoir et créateur de liens, outil de libération… Pour Nicole, alliée à Bourg-Saint-Maurice, ce fut “une journée riche d’échanges. Le réseau est lancé, la feuille de route se dessine, rejoignez-nous… “.
Découvrez un peu plus cette rencontre via cette courte vidéo de deux minutes :
https://vimeo.com/815229978/219211034d
et retrouvez le blog de l’atelier Lirecrire et numérique
www.atd-lirecrire.infini.fr/Le-numerique-accessible-a-tous-et-a-toutes