Le Laboratoire d’idée santé d’ATD Quart Monde se mobilise pour étudier l’impact de la pandémie Covid 19 sur la santé des personnes en situation de grande pauvreté
Le 17 Mars 2020, le virus Covid19 a paralysé la France entière et chaque individu s’est vu contraint de resté confiné à son domicile afin de ne pas propager le virus. Il est évident qu’on ne vit pas le confinement tous de la même manière d’autant plus que certaines personnes comme les sans abris n’ont même pas la possibilité de se confiner.
Le laboratoire d’idée santé d’ATD Quart Monde s’est rapidement mobilisé durant cette crise afin d’étudier l’impact du virus sur les personnes en situation de grande pauvreté. Les diverses discussions et réflexions ont amené le laboratoire à publier un rapport qui présente un constat clair sur les conséquences du confinement sur ces personnes et qui met en lumière un certain nombre de propositions afin d’améliorer le quotidien de chacun.
Un constat alarmant sur la situation des personnes en grande pauvreté
Le laboratoire a développé un certain nombre de points dans le but d’alerter sur ce que vivent un grand nombre de personnes durant le confinement.
Rester enfermé chez soi quand la majorité des structures sont fermées et que le budget est limité pose des problèmes importants notamment dans le domaine de la santé.
De nombreuses personnes en situation de grande pauvreté souffrent de maladies chroniques ou connaissent des difficultés psychologiques liées à des souvenirs désagréables qui refont surface en étant chez soi.
Le confinement ne permet pas à ces personnes d’avoir de rendez-vous avec le médecin ou d’avoir un suivi santé et certains se font même refuser des soins du fait de leur situation. En plus des difficultés pour avoir accès à un internet convenable, certaines structures comme la CPAM ne sont parfois pas joignables. Beaucoup ont vu le traitement de leur maladie s’interrompre avec le confinement ou sont dans l’incapacité de se voir rembourser les soins qu’ils ont payés avant d’être contraint de rester chez eux. De fait, la santé de ces personnes est susceptible de se dégrader d’autant plus que tout le monde ne dispose pas d’un jardin et n’a donc pas accès aux mêmes aménités.
Les personnes en situation de grande pauvreté se sont senties isolées et délaissées. Les centres sociaux et les postes étaient fermés et pour beaucoup, l’accès à internet était et reste encore limité voir impossible. Elles ne se sont pas senties non plus concernées par les mesures prises par les politiques qui ont mis davantage en avant les personnes âgées. Il leur était par ailleurs impossible de pouvoir retrouver leurs enfants qui placés et cette situation était difficile à vivre.
L’accès à certains droits comme le RSA n’était pas renouvelé et régler le souci par téléphone relèvait quasiment de l’impossible. Les familles qui avaient l’habitude d’aller dans des grandes surfaces « discount » devaient se contenter des commerces de proximité qui sont souvent plus cher d’autant plus que certains produits ont vu leur prix grimper. Les parents dont les enfants ne sont plus scolarisés ne peuvent plus compter sur la cantine scolaire pour alléger le budget des courses surtout que des structures associatives comme les Restos du cœur ou les jardins urbains ont été fermées. Tous ces facteurs fontt qu’il a été difficile pour les familles de finir convenablement le mois, la période de confinement n’a pas permis de mettre de l’argent de côté, bien au contraire.
Enfin, sortir pouvait être une réelle épreuve et être synonyme d’angoisse. Beaucoup de familles ne pouvaient pas imprimer d’attestations de sorties d’autant plus que les postes et centres sociaux étaientt fermés.
Le laboratoire d’idée santé d’ATD Quart Monde ne s’arrête pas seulement au constat de l’impact de l’épidémie mais propose un certain nombre de propositions concrètes afin de rendre la vie des personnes en grande pauvreté moins pénible durant cette période.
Ainsi, chaque proposition répond à un constat fait par le laboratoire que ce soit sur le thème de la santé ou du budget.
La volonté d’ATD Quart monde est que les personnes en situation de grande pauvreté ne soient pas mises de côté et qu’elles disposent de tous leurs droits sociaux, qu’elles puissent se voir désigner un médecin référent, que les appels vers les plateformes de santé ou de services de l’état soient gratuits. La prise en compte de leur santé passe aussi par un accès régulier aux denrées alimentaires ainsi qu’un meilleur entretien des logements insalubres notamment dans le traitement des nuisibles.
Les personnes en grande pauvreté doivent être entendues et doivent pouvoir participer aux discussions. Les informations liées à la pandémie doivent leur être accessibles et compréhensibles.
Ces propositions visent à ce que toutes ces personnes ne soient pas oubliés et qu’elles puissent elles aussi préparer le monde de demain.
Thomas Rigollet