Du 3 au 7 août 2020, une quinzaine de personnes se sont retrouvées au Centre international d’ATD Quart Monde à Méry-sur-Oise. Militants Quart Monde, alliés et volontaires permanents engagés dans le Mouvement à Mulhouse, Dunkerque, Perpignan, Montreuil, Vannes, Landerneau, Lyon, Bordeaux, La Flèche, Paris, ont participé à la session “Respiration estivale”. Un moment privilégié pour se retrouver, révélateur de la richesse et de la diversité des engagements en France.
Dans le cadre verdoyant du Centre international d’ATD Quart Monde, chaque journée commençait tôt, avec Floriane Caravatta, volontaire permanente, par une séance de bien-être pendant laquelle chacun relâche les tensions accumulées. Puis, les matinées étaient dédiées à la présentation de l’histoire de la fondation du Mouvement ATD Quart Monde. Laurence Bervas a travaillé aux archives à Baillet et retrace avec passion l’enfance du fondateur, Joseph Wresinski, son ordination, et son engagement toujours plus marqué aux côtés des pauvres. Les participants découvrent les premiers pas d’ATD Quart Monde en tant qu’association, jusqu’à l’inauguration de la Dalle en l’honneur des victimes de la misère, en 1987, sur le parvis du Trocadéro.
Les après-midi étaient consacrées aux visites, aux témoignages d’invités et à la création artistique. Tous ont ainsi pu entendre le témoignage d’Huguette Redegeld, l’une des premières volontaires permanentes, qui a découvert le camp de Noisy-Le-Grand en 1963. Elle est revenue sur son histoire : “J’ai vécu dans le camp, c’était une désolation incroyable. Penser en 1956 que ces familles devaient absolument, non seulement sortir de la misère, mais aussi vivre, exister, partager comme les autres, était révolutionnaire. […] On aurait pu penser qu’il fallait concentrer tous nos efforts dans ce camp face à cette grande misère, mais le père Joseph nous poussait à l’extérieur, à ne pas nous enfermer avec les familles, à trouver des ouvertures. […] Le but était de donner une visibilité et une épaisseur à ces familles que personne ne reconnaissait sauf comme des cas isolés. C’était pour briser cela, faire prendre conscience que ce n’était pas des cas isolés.” Huguette Redegeld a ensuite décidé de vouer sa vie au Mouvement, qu’elle a longtemps représenté dans les institutions internationales.
“Réinsérer par l’écriture”
Jean-Michel Defromont, volontaire et écrivain, a présenté Ravine l’Espérance, un récit collectif qui raconte le courage des habitants face au tremblement de terre à Haïti du 12 janvier 2010. Il a également présenté le livre J’ai cherché si c’était vrai, sur le récit d’engagement de Bernadette Cornuau l’une des premières volontaires permanentes du Mouvement. “Réinsérer les gens par l’écriture, c’est les réinsérer dans l’histoire, et si on les réinsère dans l’histoire, on les réinsère dans la pensée, dans la politique et la colère, c’est ce qui fait que la société peut changer”, a-t-il expliqué.
Lors de ces quelques jours de “respiration estivale”, Julie Clair-Robelet, rédactrice en chef du Journal d’ATD Quart Monde a également présenté l’ouvrage Déclics, qui met en lumière l’élément déclencheur de l’engagement de femmes et d’hommes, leurs moments d’exaltation, mais aussi de doute ou de découragement, qu’ils soient militants Quart Monde, volontaires permanents ou alliés.
Les participants ont également écouté avec attention le témoignage d’Amélie Kamony, volontaire permanente, qui a partagé son cheminement : “À ATD Quart Monde, j’ai appris une façon de faire dans la lutte contre la misère, qui est basée sur les droits de l’Homme, sur la connaissance de l’autre.»
Fatiha Ziane et Guillaume Culorier, deux des organisateurs de cette session, ont chacun présenté deux projets-pilotes d’ATD Quart Monde : la formation diplômante OSEE (Osons les Savoirs de l’Expérience de l’Exclusion), ainsi que l’expérimentation Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée.
Un atelier artistique animé par Aria Ribieras a permis à chacun de participer à la création d’une œuvre collective questionnant notre rapport à la nature. En fin de séjour, tous les participants se sont réunis pour la photo de groupe autour de l’arbre à palabres, exposé dans le hall de la Grande Maison à Méry. Après cinq jours intenses, tous sont repartis en repensant à cette phrase de Joseph Wresinski, c’est la joie partagée, “parce que nous sommes ensemble pour une même cause, c’est-à-dire la libération des plus défavorisées”. Aria Ribieras
Photos : Le groupe de participants à la “respiration estivale” et l’œuvre collective . © ATD Quart Monde