Séminaire européen des Universités populaires : la maltraitance institutionnelle “a un impact sur toute la société”

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Le réseau des Universités populaires Quart Monde a organisé du 9 au 11 septembre, à Pierrelaye, un séminaire européen sur le thème “maltraitance institutionnelle et discrimination”. Venus d’Allemagne, de Belgique, de Bulgarie, d’Irlande, des Pays-Bas, de Suisse et de France, les participants ont partagé leurs expériences et réfléchi ensemble à des actions à mener pour prévenir et lutter contre la maltraitance institutionnelle.

Absence de droit”, “jugement”, “frustration”, “humiliation”, “cercle vicieux”, “abus de pouvoir”, “peur”… Affichés tout autour de la salle sur des papiers colorés, une cinquantaine de mots représentent ce que signifie la maltraitance institutionnelle pour les participants. En anglais, en allemand, en français ou encore en néerlandais, ce sont les mêmes mots qui sont revenus dans la bouche des militants Quart Monde pendant trois jours. Les situations rapportées étaient multiples, issues de leurs propres expériences, mais aussi du travail mené en amont dans les Universités populaires Quart Monde et les groupes ayant préparé cette rencontre : certains ont décrit le refus de soins ou de scolarisation auquel ils se sont heurtés, d’autres ont rapporté les complexités des dossiers à remplir ou des démarches à accomplir pour accéder à un droit, d’autres encore ont déploré les décisions imposées sans aucune discussion, les contrôles incessants et parfois même la violence physique ou psychologique.

Ensemble, ils se sont interrogés sur les causes de ces maltraitances institutionnelles trop souvent vécues, qui ont un impact sur leurs vies, mais aussi sur  “notre entourage proche, nos familles, nos amis, nos relations avec les institutions, la manière dont on vit ensemble et finalement toute la société”, ont-il témoigné, en conclusion du séminaire, dimanche 11 septembre. Parmi ces causes, ils ont identifié “le manque de moyens donnés aux institutions et aux professionnels et les choix politiques”, “les normes, les cases qui existent dans nos sociétés et nous forcent à tous rentrer dans des moules”, “une méconnaissance de la pauvreté”, “un déséquilibre du pouvoir” ou encore “des lacunes dans la formation et le recrutement des professionnels”.

Des solutions à mettre en place

Répartis en six groupes, les participants ont proposé chacun une solution pour lutter contre cette maltraitance institutionnelle. Certains ont ainsi suggéré que les militants Quart Monde participent à la formation des travailleurs sociaux, avec des interventions régulières insérées dans les parcours de formation, comme cela se fait parfois en France, notamment avec les étudiants en travail social de l’IRTS. Cette formation pourrait par ailleurs intégrer plus systématiquement des travaux en Croisement des savoirs et des pratiques, ainsi qu’une présentation de la recherche participative sur les dimensions cachées de la pauvreté, menée notamment par ATD Quart Monde avec l’Université d’Oxford.

La nécessité de ne pas rester seul face aux institutions, mais de faire valoir son droit d’être accompagné par une personne de son choix a également été rappelée. Les participants ont en outre pointé l’importance de dialoguer davantage avec les professionnels, pour que militants Quart Monde et professionnels connaissent mieux les réalités de vie et les contraintes des uns et des autres.

Dans un petit sketch, l’un des groupes a mis en avant l’idée d’un “droit fort de convocation” des institutions par les personnes concernées par leurs actions, pour pouvoir discuter ensemble d’une situation précise. La dernière préconisation a porté sur la création “d’espaces conviviaux, sans jugement ou pression, où on reconnaît les intelligences et compétences de chacun, tout en les enrichissant, où on prend soin des autres”.

En conclusion de ce séminaire, Martin Kalisa, membre de la délégation générale d’ATD Quart Monde, a souligné que ces réflexions portées au niveau européen, sont également partagées  par les membres d’ATD Quart Monde “sur les autres continents, pour que les maltraitances institutionnelles et les discriminations s’arrêtent partout”. “Ce qu’on fait, ce n’est pas vain. Il faut qu’on arrive à nous mettre ensemble et à former les professionnels. Plusieurs sont de bonne volonté, mais ils ont appris que les plus pauvres sont différents des autres et peuvent être traités différemment des autres. C’est un travail du Mouvement d’aller les rencontrer”, a-t-il souligné.

Les participants ont quant à eux laissé les panneaux affichés sur les murs de la grande salle du centre international d’ATD Quart Monde à Pierrelaye et sont repartis chacun avec des mots plus légers, comme “espoirs”, “rencontre” ou encore “encouragement”. “On s’est rendu compte que ces maltraitances institutionnelles ont souvent un impact, qui fait qu’on continue à rester dans le cercle de la pauvreté. Mais on s’est aussi dit que, parce qu’on était ensemble, on pouvait se donner des forces et agir contre ça”, ont-ils conclu. Julie Clair-Robelet

 

Photos : Séminaire européen sur la maltraitance institutionnelle et la discrimination organisé au centre international d’ATD Quart Monde à Pierrelaye, 11 septembre 2022. © Carmen Martos

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