Les 24 et 25 avril dernier, les membres d’ATD Quart Monde engagés dans des actions en lien avec les enfants se sont interrogés sur la manière dont ils sont acteurs du Mouvement dans son ensemble.
Au cours des derniers mois, rester en contact avec les enfants malgré la pandémie a représenté un défi majeur pour l’ensemble des acteurs d’ATD Quart Monde engagés notamment dans des Bibliothèques de rue ou Tapori, la branche enfance du Mouvement. Beaucoup d’entre eux avaient hâte de pouvoir partager leurs difficultés, mais aussi les initiatives prises pendant cette période exceptionnelle. La session Enfance des 24 et 25 avril a ainsi permis à une soixantaine de membres de se réunir en visioconférence. Cette rencontre en ligne a même rendu possible la participation de personnes engagées à la Réunion et en Bulgarie.
Intitulée “se sentir acteur du Mouvement ATD Quart Monde”, cette session a mis en lumière l’intérêt de s’ouvrir sur d’autres actions pour enrichir et développer son engagement. Les membres de la Dynamique enfance ont ainsi mis l’accent sur le fait que les Bibliothèques de rue constituent “un formidable moyen d’entrer en contact avec des habitants d’un quartier”. Comment alors aller vers les plus pauvres au-delà de l’action en Bibliothèque de rue ? Des présentations des Universités populaires Quart Monde et du Département vacances d’ATD Quart Monde ont ainsi montré que des ponts pouvaient être construits entre les actions.
Faire passer des messages
Mais cette ouverture pose aussi des questions . Elle suppose par exemple la création de liens plus forts avec les parents des enfants participant aux Bibliothèques de rue. “Parfois, on discute avec des mamans trois ou quatre mercredis de suite et puis brusquement on ne voit plus les familles. C’est ce qui nous questionne le plus. Les liens sont plutôt en dents de scie”, a souligné Geneviève, animatrice de la Bibliothèque de rue de Caen.
“La confiance se gagne petit à petit, mais la question de l’insécurité est prégnante. La fidélité se gagne. Il s’agit de ne pas être seulement des prestataires d’activités”, a souligné Pascale, venue expliquer le fonctionnement de la Bibliothèque de rue de Reims. “Lors d’une bagarre, une maman nous a dit que nous ne devrions pas permettre à tous les enfants de venir. Nous lui avons alors expliqué notre raison d’être. Il est important de faire passer des messages sur qui on est”, a ajouté Véronique, volontaire permanente en Bulgarie.
“À travers la Bibliothèque de rue, vous êtes témoins d’un quartier, du courage des enfants et de leur famille, de la confiance qui se construit avec les familles. Quand on commence à avoir des liens avec les parents des enfants qui viennent à la Bibliothèque de rue, et parfois avec les habitants du quartier, on découvre leurs attentes, leurs aspirations et on peut chercher vers où nous pouvons aller ensemble”, ont souligné les membres de la Dynamique enfance. Ils encouragent donc chacun à mieux connaître le Mouvement dans son ensemble et à envisager des passerelles entre les actions. “La synergie est bénéfique à tous” et les autres actions proposées par ATD Quart Monde sont aussi “une chance à offrir aux familles que l’on rencontre”, ont-il conclu.
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de juillet-août 2021.
Photo : La Bibliothèque de rue du quartier Croix-Rouge à Reims, à l’automne 2020. © Pascale Laurent