Le 20 avril, six membres de l’équipe parisienne d’ATD Quart Monde se sont rendus, comme chaque mercredi, au jardin de l’Îlot-Riquet pour animer une Bibliothèque de rue. Une dizaine d’enfants ont répondu présents et ont passé l’après-midi sous le soleil, à lire des livres ou jouer.
Chaque mercredi, à 14h30, l’équipe de la Bibliothèque de rue parisienne se regroupe au sein de la Maison Quart Monde de Paris, dans le 19e arrondissement. “Ça vous dit de tester ce jeu ?”, demande Céline aux autres animatrices. Lors des quinze minutes suivantes, autour d’une grande table, l’équipe se prête au jeu, afin de déterminer si celui-ci est adapté aux enfants et peut être proposé comme activité l’après-midi même. Le jeu se termine et il est temps pour le groupe de se diriger vers le centre social et culturel Espace 19, rue Riquet.
Ce dernier prête à ATD Quart Monde un local afin d’entreposer les affaires nécessaires à la Bibliothèque de rue. Sur la route entre le local et le jardin de l’Îlot-Riquet, quartier de La Villette, Margot explique la nécessité de la Bibliothèque de rue. “On essaye de donner envie aux enfants de lire des livres, mais en grande partie on discute avec eux de leur quotidien”, explique-t-elle avec le sourire. “L’importance, c’est la régularité. Les enfants sont habitués, donc lorsqu’on ne vient pas, ils le remarquent tout de suite”, poursuit-elle.
Lire, jouer et échanger
Effectivement dès l’arrivée, sous le soleil, des six membres du Mouvement, certains enfants se précipitent vers elles. Deux petites filles cachent derrière leur dos un bouquet de fleurs. “Lali et Dado sont sœurs, elles viennent très régulièrement et depuis longtemps”, explique Margot. Ces dernières s’installent instinctivement sur les tapis et commencent à discuter avec les animatrices. Au même moment un petit garçon, accompagné de sa mère, se dirige vers le groupe. Angiolina, retraitée et alliée à ATD Quart Monde, les accueille et présente les livres mis à disposition.
Au fur et à mesure du temps, d’autres enfants s’installent sur les tapis et commencent un puzzle, un livre ou bien un coloriage. “On essaye d’aller parler avec les parents aussi, afin de les mettre en confiance et de leur proposer de venir nous rejoindre avec leurs enfants”, raconte Margot. Certains parents se laissent porter par la curiosité et s’approchent des tapis. L’équipe est arrivée il y a seulement vingt minutes, mais elle s’occupe déjà d’une dizaine d’enfants âgés de trois à sept ans. Les parents restent normalement aux alentours : “ils profitent de ce moment pour se ressourcer, ça leur fait du bien.” Margot pointe cependant une difficulté : “parfois on nous prend pour une garderie, mais nous, on propose une activité, on ne peut donc pas tous les surveiller.”
Les animatrices de la Bibliothèque de rue incitent les enfants, tout au long de l’après-midi, à s’emparer des jeux ou bien des livres et les laissent s’installer plus loin s’ils le souhaitent. Aujourd’hui, une des petites filles décide de noter le prénom des enfants : “on est 12, s’exclame-t-elle, moi je ne viens pas tous les mercredis mais souvent quand même. ” Cet exercice lui demande un peu de courage, car elle n’ose pas toujours s’approcher afin de connaître le prénom des autres enfants.
Le compte rendu de l’après-midi
Aux environs de 17h30, Lou, Irène, Margot, Céline et Myriam se lèvent et commencent à ranger les affaires avec l’aide des enfants. Angiolina installée à l’ombre, rejoint le groupe elle aussi, avant de se diriger à nouveau vers le centre social, puis à la Maison Quart Monde. À l’arrivée, chacune s’assoit autour de la table devant un verre de jus de fraise. C’est le moment du compte rendu après chaque Bibliothèque de rue : “On pense, avec Irène, qu’il pourrait être plus constructif cette fois-ci. Ne pas parler des détails de la journée, comme le nom de chaque livre et jeux, mais dire quelques points importants que l’on retient”, annonce Myriam. Après cette prise de parole, un débat se créé entre les membres de l’équipe, autour de l’importance de noter ce que chacune a observé lors des activités avec les enfants : “moi je pense que c’est intéressant d’avoir un compte rendu détaillé, surtout pour les personnes qui ne sont pas là”, réplique Angiolina.
Finalement, le groupe se met d’accord : désormais, seulement les points importants de l’après-midi seront racontés lors de ce temps de discussion. L’objectif de ce changement est de ne pas éterniser le temps d’échange, afin d’aller droit au but en racontant un fait important observé par chacune, lors de l’animation, et une modification à apporter la semaine suivante. Irène est la première à se lancer et explique son souhait d’apporter, la prochaine fois, un drap blanc pour permettre aux enfants de colorier dessus. Ensuite, les autres animatrices prennent la parole. “Avant le Covid, on ne discutait pas entre nous après la Bibliothèque de rue, ça me frustrait”, se souvient Angiolina. L’échange prend fin à 18h30. Dans l’ensemble, l’équipe estime que cette Bibliothèque de rue s’est bien passée et se dit au-revoir avant de se retrouver à nouveau le mercredi suivant. Justine Le Pourhiet
Photo : Bibliothèque de rue du 19e arrondissement à Paris, le 20 avril 2022. © Justine Le Pourhiet