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Une formation à la méthode du théâtre-forum pour “agir contre les oppressions”
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Du 23 au 25 août, treize membres d’ATD Quart Monde se sont formés à la méthode du théâtre-forum, avec deux professionnelles de la compagnie NAJE.
Sofia, Denis et Martine n’ont jamais fait de théâtre-forum et appréhendent un peu ce stage. Ils font partie des treize participants à ces cinq jours de formation, dont l’objectif est de leur donner des outils pour utiliser eux-mêmes le théâtre-forum dans leurs pratiques, que ce soit en animant une Université populaire Quart Monde, un groupe de Croisement des savoirs et des pratiques ou des projets pilotes comme OSEE ou CIPES.
L’introduction faite par Fabienne Brugel, l’une des professionnelles de la compagnie NAJE (Nous n’Abandonnerons Jamais l’Espoir), ne les a pas vraiment rassurés : “On va privilégier le faire et vous coller au boulot de manière un peu impliquante pour vous. C’est important de se rendre compte de ce que vous allez demander aux gens à qui vous proposerez du théâtre-forum.”
Mais, rapidement, les jeux proposés permettent à chacun de se sentir à l’aise et d’oublier la peur du jugement. “La bienveillance, la confidentialité et le non-jugement sont les trois règles posées dès le départ pour permettre aux personnes d’être ouvertes et de proposer un récit”, explique Fatima Berrahla, également professionnelle de la compagnie NAJE, venue assurer la formation. Car le théâtre-forum est avant tout “un outil d’analyse politique de la réalité à partir d’une histoire d’oppression, et de mobilisation pour la transformation sociale”, souligne Fabienne Brugel.
Un panel de stratégies pour débloquer des situations
Utilisé depuis de nombreuses années par ATD Quart Monde, le théâtre-forum, également appelé “théâtre de l’opprimé”, a été initié dans les années 1970 par l’écrivain et metteur en scène brésilien, Augusto Boal. Les cinq jours de formation, trois en août et deux en septembre, proposés aux volontaires permanents, bénévoles et salariés d’ATD Quart Monde doivent leur permettre de découvrir cette méthode ou d’approfondir leurs connaissances. Ils apprennent donc en proposant chacun un récit d’oppression, en montant une scène de théâtre-forum, en l’animant et en s’attachant à créer la cohésion du groupe grâce aux différents jeux.
“Une scène de théâtre-forum raconte une oppression, une histoire vraie. Il y a un protagoniste opprimé, c’est celui qui veut changer les choses. Dans la scène, il s’affronte à des oppresseurs, qui ont des outils sociaux pour maintenir leur volonté. La scène est jouée une première fois, puis les personnes présentes sont invitées à prendre la place de l’opprimé si elles sont concernées, pour essayer de chercher toutes les stratégies possibles que l’on peut mettre en place dans cette situation”, explique Fabienne Brugel. Elle précise que les stratégies proposées sont “toutes plus ou moins partielles. Il ne s’agit pas de gagner, mais de tirer la situation de départ dans tous les sens pour voir comment on peut agir”. Aucune proposition n’est jugée bonne ou mauvaise, chacun peut se faire sa propre idée. “Toutes peuvent être bonnes dans la réalité, parce que la réalité n’est jamais exactement comme la scène qu’on joue. Cela permet d’en avoir plein dans sa tête, pour être en capacité, dans la réalité, de choisir parmi un panel pour débloquer une situation”, poursuit-elle.
“Le spectateur ne délègue aucun pouvoir au personnage, ni pour qu’il joue, ni pour qu’il pense à sa place : au contraire, il assume lui-même son rôle d’acteur principal, transforme l’action dramatique, tente des solutions, envisage des changements – bref, s’entraîne pour l’action réelle. […] Le spectateur libéré, retrouvant son intégralité humaine, se lance dans l’action”, écrivait ainsi Augusto Boal, dans son ouvrage Théâtre de l’opprimé. Il s’agit ainsi de permettre un processus “d’émancipation individuelle et collective pour agir contre les oppressions qu’on subit“, ajoute Fabienne Brugel.
Après le premier jour de formation, les appréhensions se sont dissipées. Des récits très forts avec des problématiques de racisme, de sexisme ou encore de harcèlement ont été partagés par les membres d’ATD Quart Monde. Chacun comprend désormais mieux l’implication que cela demande, mais aussi la force que ce travail collectif peut donner pour permettre à tous de se mettre en action.
Photo : Première journée du stage de formation à la méthode du théâtre-forum, au Centre national d’ATD Quart Monde à Montreuil, le 23 août 2023. © ATD Quart Monde
