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Le quiz des idées fausses sur les pauvres et la pauvreté
Et vous, des idées fausses sur les pauvres et la pauvreté ? Faites le test et défiez vos amis !
Trop souvent, on tend à limiter la pauvreté à une question d’argent. Pourtant, la pauvreté affecte toutes les dimensions de la vie. Pour faire changer le regard sur la pauvreté, ATD Quart Monde s’attache à faire connaître et reconnaître les dimensions cachées de la pauvreté pour mieux la comprendre et donc, mieux la combattre.
Les dimensions cachées de la pauvreté : mieux comprendre la pauvreté pour mieux la combattre
Révéler les dimensions cachées de la pauvreté pour changer le regard
En 2015, les États membres de l’ONU identifient 17 objectifs de développement durable qui répondent aux défis auxquels le monde est confronté. Parmi eux, la fin de la pauvreté sous toutes ses formes. Car oui, la pauvreté est multidimensionnelle et ne se limite pas au manque d’argent ! Mais alors, comment la définir ?
Pour répondre à cette question, ATD Quart Monde s’est associée à l’Université d’Oxford pour réa-liser une recherche participative internationale qui, pour la première fois a associé des personnes en situation de grande précarité comme co-chercheurs afin d’identifier « les dimensions cachées de la pauvreté ». Objectif : faire changer le regard sur la pauvreté, sa nature et la façon dont on la mesure et l’appréhende.
L’enjeu est de taille : la manière dont nous comprenons et mesurons la pauvreté est plus que jamais essentielle pour mettre en œuvre des actions de terrain plus efficaces et élaborer de meilleures politiques de lutte contre la pauvreté aux niveaux national et international. Or, les mesures officielles aujourd’hui utilisées, en France comme ailleurs, se basent encore sur des indicateurs quantitatifs de la pauvreté, essentiellement centrés sur l’aspect monétaire : les revenus, l’accès à un panier de biens, les « conditions de vie » … Il est temps de changer tout ça !
Les 8 dimensions cachées de la pauvreté mises en lumière par ATD Quart Monde
En France, la recherche a été portée par ATD Quart Monde, le Secours Catholique – Caritas France, l’Association des Centres Socio-Culturels des 3 cités de Poitiers et Elena Lasida, une enseignante-chercheuse de l’Institut Catholique de Paris. Elle a permis d’identifier 8 dimensions cachées de la pauvreté. Ces dimensions n’ont pas le même poids dans la vie des uns et des autres, ni tout le long de leur vie.
Quand on a une facture à payer, on va se restreindre sur la nourriture, car c’est le plus simple, et ensuite, sur l’habillement.
Cette dimension de la pauvreté désigne à la fois le manque de ressources financières et les mauvaises conditions de vie matérielles, mais aussi le non-accès aux droits et l’ensemble des obstacles que rencontrent les personnes en situation de pauvreté pour faire valoir leurs droits.
Les émotions et ressentis sont là, ils nous suivent, ils nous font faire des choses qu’on ne ferait pas. Où qu’on aille, ils sont là, ils sont en nous, ça joue sur notre vie, ils influencent ce qu’on fait. Et ils réduisent notre capacité d’agir
Cette dimension fait référence aux émotions provoquées par la pauvreté chez les personnes qui la vivent : la peur, la honte, la colère, le sentiment d’infériorité… Certaines de ses émotions peuvent être omniprésentes et envahissantes. Si bien que, parfois, elles peuvent aggraver les situations de pauvreté ou en produire de nouvelles. Elles peuvent aussi influer sur les comportements d’une manière négative ou positive.
C’est compliqué quand il faut prendre trois bus pour aller à un rendez-vous médical, il faut aussi de l’argent
En lien étroit avec la dimensions « Peurs et souffrance », cette dimension se rapporte aux effets négatifs de la pauvreté sur la santé physique et mentale des personnes qui la vivent. La santé ainsi fragilisée maintient encore plus dans la pauvreté.
On est transparent, on est des fantômes, on n’existe pas
Cette dimension de la pauvreté fait référence à la façon dont les personnes en situation de pauvreté sont perçues négativement par d’autres personnes et groupes informels. Ce regard négatif et les préjugés portés sur les personnes en situation de pauvreté engendrent trop souvent des situations de maltraitance de la part de la société.
Tu demandes de l’aide mais tu dois rester derrière les décisions de la personne qui t’aide. Si tu t’opposes à elle, tu vas avoir peur qu’elle te refuse complètement son aide.
En écho à la maltraitance sociale, cette dimension de la pauvreté fait référence à la façon dont l’État et les institutions regardent, jugent et maltraitent les personnes en situation de pauvreté. Comprendre la relation de dépendance des personnes en situation de pauvreté à l’État est important pour comprendre comment elle peut conduire à des relations de domination, d’obligation, de contrôle voire de soumission qui relève de la maltraitance institutionnelle.
Quand tu vis à la rue, c’est que tu as perdu ton logement, mais aussi que tu n’as plus d’amis, ou plus de famille pour te soutenir.
La pauvreté peut casser les relations avec les autres : famille, amis, voisins… Cette dimension met en avant cette rupture de liens. Celle-ci peut provenir de la personne elle-même qui se replie, s’isole, s’enferme. Elle peut aussi venir de son entourage : à cause de la pauvreté, on peut être rejeté par celles et ceux qui nous entourent quand les relations deviennent difficiles, que l’on est considéré comme responsable de sa situation ou que la dépendance est trop forte.
Quand j’étais dans un centre d’hébergement, je n’avais plus de repères.
Cette dimension renvoie d’une part au rapport au temps – c’est à dire la manière de s’approprier et de se situer dans son passé, son présent et son avenir, et d’autre part au rapport à l’espace – c’est à dire la manière de s’approprier et de se situer dans son lieu de vie. Deux notions qui sont généralement synonymes de contraintes pour les personnes en situation de pauvreté.
Moi, quand j’ai de vieux habits, j’en refais d’autres dedans. Je fais des légumes dans mon jardin. On se débrouille comme on peut. Système D, quoi !
Cette dimension met en lumière les savoirs et les compétences que les personnes en situation de pauvreté ont développé pour survivre et résister à la pauvreté. Ce sont non seulement des compétences individuelles, mais également des compétences qui peuvent servir à l’ensemble de la société. Aujourd’hui, ces compétences ne sont généralement pas reconnues.
Une approche systémique de la pauvreté : Tout est lié, rien n’est figé
La pauvreté est une descente en cascade, un malheur entraînant un autre. C’est un enchaînement, un engrenage.
« Tout est lié…
Le travail de recherche en France a mis en évidence le lien de dépendance entre les dimensions de la pauvreté qui ne doivent pas être prises en compte séparément. Elles ne sont pas définies comme des causes ou des conséquences car, selon la situation, une dimension peut être à la fois une cause ou une conséquence.
… rien n’est figé »
Mais spoiler alert : la pauvreté n’est pas une fatalité ! La situation de pauvreté peut s’améliorer ou empirer tout au long de la vie. Comprendre son fonctionnement et ses dimensions est un premier pas pour l’éradiquer.
Une méthodologie innovante : des personnes en situation de pauvreté co-chercheuses
En mettant en œuvre la méthodologie du Croisement des savoirs et des pratiques développée par ATD Quart Monde en lien avec des professionnels et des scientifiques, cette recherche participative a pour originalité de reconnaître les personnes en situation de pauvreté en qualité de co-chercheuses, à égalité avec les universitaires et les professionnels.
Cette approche, qui met en confrontation différents savoirs, permet ainsi de changer de paradigme : les populations qui étaient l’objet de programmes pensés par d’autres deviennent source d’une connaissance indispensable pour lutter efficacement contre la pauvreté. Une condition sine qua non pour définir et mettre en place de nouveaux indicateurs de pauvreté moins technocra-tiques et davantage nourris par la vie des premiers concernés !